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Théâtre du Rond-Point  (Paris)  septembre 2019

Comédie dramatique de Jean-Benoît Patricot, mise en scène de Catherine Schaub, avec Antoine Cholet et Géraldine Martineau.

Au départ, il y a un fait divers sordide qui retient l'attention de Jean-Benoît Patricot : des pompiers ont abusé d'une fille handicapée.

De cet épisode trivial qui conduit devant la justice des hommes du feu, ces courageux qui n'hésitent pas à risquer leurs vies pour sauver celles de leurs concitoyens, il a tiré une réflexion sur les rapports hommes-femmes, sur l'inégalité dans la prétendue guerre des sexes.

Sur scène, chacun sur un banc séparé par une porte à deux battants à peine entrouverte, un homme et une femme. L'homme est grand, sportif. La femme petite et menue.

Quand s'engage la discussion, on comprend très vite la situation. Ils attendent d'être entendu par un juge. Normalement, ils ne devraient pas se retrouver là, seuls, à se parler avant...

Mais ce vice de forme n'est peut-être pas un hasard. Car l'homme est là pour convaincre la femme de ne pas dire ce qu'elle va dire. Les institutions policières et judiciaires lui permettent peut-être d'encore influencé le témoin. Et il ne va pas s'en priver.

La femme, la "fille" plutôt, est en effet considérée, et elle a intégré cette notion, comme une fille "limitée". Limitée, ce n'est déjà plus fragile, ce n'est pas loin de "débile", ça induit qu'elle est "limitée intellectuellement".

Face à elle, l'homme est viril et sait parler : c'est un pompier... qui a profité de la faiblesse supposée de la jeune femme, et en a fait profiter ses collègues. Tout cela pour lui se passait entre "adultes consentants".

Voilà l'enjeu de "Pompier(s)" : qui est innocent, qui est coupable entre le pompier qui dit n'avoir rien demandé, comme tous les machos, et la pauvre fille qui voit le prince charmant dans tout profiteur au sourire concupiscent et croit qu'il faut tout lui donner pour le garder ?

Jean-Benoît Patricot a écrit un texte d'une grande force, bien loin du manichéisme engendré par la situation. Elle pourrait illustrer les débats actuels nés après l'affaire Weinstein...

Le déséquilibre du départ entre la fille "limitée" et le pompier apparemment bien dans ses baskets va changer de nature dans les confrontations suivantes entre les deux personnages.

Alors que l'heure du procès se rapproche, le pompier en perçoit tout l'enjeu social (prison, perte de son statut, opprobre générale) et devient plus cru, plus vindicatif vis-à-vis de son accusatrice. Celle-ci, grâce à ce discours odieux, comprend enfin qu'elle est victime, qu'elle est une femme victime et au final, une femme comme les autres qui a au moins le pouvoir de dire "oui" et "non".

Dans sa mise en scène, Catherine Schaub montre bien la montée des tensions, le crescendo des arguments, le renversement de la charge de la preuve qui transforme le mâle dominateur en un lâche suppliant la femme de retirer sa plainte parce que ses collègues "sont des pères de famille".

La pièce de Jean-Benoît Patricot ouvre bien des possibles et peut donner lieu à des lectures assez éloignées. Le pompier est-il sincère quand il commence à supplier ou joue-t-il en pensant que la jeune femme sera touchée et abandonnera les poursuites ?

Dans la version de Catherine Schaub, les choses ne sont pas ambiguës. Pas besoin d'hystérie ni de pathos. D'autant que Géraldine Martineau, actrice phénoménale, emporte la conviction et que son partenaire Antoine Cholet ne cherche qu'à lui résister sporadiquement pour la forme.

On aurait pu avoir une lutte plus égale dans une autre perception de la pièce, mais celle produite par Catherine Schaub a sa logique et "Pompier(s)" de Jean-Benoît Patricot s'avère une très belle surprise

Le devenir de ce texte n'en est qu'à ses débuts. On tient peut-être là un futur classique que le travail orchestré par Catherine Schaub avec le très beau duo constitué par Géraldine Martineau et Antoine Cholet devrait contribuer à faire connaître plus largement.

 

Philippe Person         
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# 17 mars 2024 : le programme de la semaine

De la musique, des spectacles, des livres. Aucune raison de s'ennuyer cette semaine encore. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.

Du côté de la musique:

"Almost dead" de Chester Remington
"Nairi" de Claude Tchamitchian Trio
"Dragging bodies to the fall" de Junon
"Atmosphérique" de Les Diggers
quelques clips avec Nicolas Jules, Ravage Club, Nouriture, Les Tambours du Bronx, Heeka
"Motan" de Tangomotan
"Sekoya" de Tara
"Rita Graham partie 3, Notoriété", 24eme épisode de notre podcast Le Morceau Caché
et toujours :
"Scars" de Greyborn
"Rooting for love" de Laetitia Sadier
"Quel est ton monde ?" de Olivier Triboulois
"Letter to self" de Sprints
"TRNT best of 1993 2023)" de Tagada Jones
"Beyond the ridge" de Wildation
Quelques clips chez YGGL, Down to the Wire, Malween, Lame, For the Hackers et Madame Robert

Au théâtre

les nouveautés :

"Une vie" au Théâtre Le Guichet Montparnasse
"Le papier peint jaune" au Théâtre de La Reine Blanche

"Lichen" au Théâtre de Belleville
"Cavalières" au Théâtre de la Colline
"Painkiller" au Théâtre de la Colline
"Les bonnes" au théâtre 14
et toujours :
"A qui elle s'abandonne" au Théâtre La Flêche
"Les quatres soeurs March" au Théâtre du Ranelagh
"Mémoire(s)" au Théâtre Le Funambule Montmartre
"N'importe où hors du monde" au Théâtre Le Guichet Montparnasse
"Quand je serai un homme" au Théâtre Essaïon

Du cinéma avec :

"El Bola" de Achero Manas qui ressort en salle

"Blue giant" de Yuzuru Tachikawa
"Alice (1988)" de Jan Svankmajer
et toujours :
 "Universal Theory" de Timm Kroger
"Elaha" de Milena Aboyan

Lecture avec :

"La sainte paix" de André Marois
"Récifs" de Romesh Gunesekera

et toujours :
"L'été d'avant" de Lisa Gardner
"Mirror bay" de Catriona Ward
"Le masque de Dimitrios" de Eric Ambler
"La vie précieuse" de Yrsa Daley-Ward
"Le bureau des prémonitions" de Sam Knight
"Histoire politique de l'antisémitsme en France" Sous la direction d'Alexandre Bande, Pierre-Jerome Biscarat et Rudy Reichstadt
"Disparue à cette adresse" de Linwood Barclay
"Metropolis" de Ben Wilson

Et toute la semaine des émissions en direct et en replay sur notre chaine TWITCH

Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

           
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