Petits nouveaux du label Beggars, The Film School sont pour l'instant surtout connus pour faire les premières parties de The National lors de leur tournée française.
Originaire de San Francisco, la formation est classique, le tout relativement énergique malgré la voix lancinante du chanteur et l'apathie générale qui, malgré les déhanchements et la bonne volonté du bassiste, se dégage immanquablement de la scène.
Certains morceaux, les plus rythmés, comme "Stop-Go" et "The last song" ("Don't you know, you said, you'll never survive") laissent espérer un premier album intéressant, dont la sortie est prévue pour janvier 2006, mêlant bon son rock, chant mélancolique et mélodie entêtante.
Manque plus qu'un peu d'interactivité avec le public. Allez, un petit effort…
Une fois encore, la prestation des six américains de The National, ne laissera pas indifférent.
Les deux paires de frères (Scott et Bryan Devendorf, Aaron et Bryce Dressner) et leur ami Matt Berninger se font désormais accompagner du remarquable et inspiré Padma Newsome au violon et au clavier, et ce n'est pas pour déplaire. Encore un qui a du charisme et qui donne 100% de son énergie sur chacun des titres.
Outre la beauté des textes révélés dans toute leur splendeur en live et la voix envoûtante de Matt, le concert fascine par l'humilité et la complicité des membres du groupe. Mais ce n'est vraiment, mais alors vraiment pas tout ce qui marque chacune de leur apparition d'une pierre blanche.
Tout d'abord, c'est une ambiance, un univers qu'ils savent créer et partager généreusement avec le public. Il est vrai que le Trabendo se prête particulièrement à ce genre d'échange.
Mais là où The Film School échoue, The National excelle. Et c'est ainsi que le show se transforme en concert intimiste où les fidèles du groupe prennent rapidement leur marque, reposant sur la scène, redressant le micro de Matt quand celui-ci perd l'équilibre, s'emparant d'une guitare prêtée par un des membres…
Initié par un Matt aussi torturé qu'attachant, on a presque envie de lui porter secours quand il se mord frénétiquement la main, chante douloureusement ou titube, enivré, cet univers bouleverse, serre les tripes.
Du début à la fin du concert, des tubes les plus entêtants du troisième et dernier album Alligator ("Secret Meeting", "Looking for astronauts", "M. November"), aux rageuses "Lit up", "Abel", "Available", en passant par les plus douces et magnifiques "The geese of Beverly road", "Baby we'll be fine", "City middle" et la splendide "Cherry Tree" de l'EP éponyme, leur prestation est troublante, d'une intensité et d'une sobriété rares.
Le chant, puissant et mélancolique de Matt, est transcendé par des instrumentations rigoureuses et constamment nourries de sons, d'harmonies et de chœurs inattendus, comme ces intrusions fréquentes de violon, de clavier et de maracas.
Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'ils créent, expérimentent les possibilités de leurs instruments autant qu'ils en jouent : on verra Padma et Aaron utiliser le violon comme une guitare, Bryan recouvrir sa batterie et ses baguettes de tissus, taper sur tout ce qu'il trouve, avec toujours autant de finesse, Matt s'éloigner du micro pour mieux magnifier son chant, comme sur "Cold Girl Fever", la dernière qu'ils aient joué.
Nous avons de la chance, ils adorent Paris. Et comme ce n'est plus un secret, je vous annonce qu'ils seront à la Guinguette Pirate les 13 et 14 décembre. A bon entendeur…
|