Fear of an acoustic planet
(Human Sounds) octobre 2019
Nouvelle pièce au puzzle pour les rouennais polynésiens avec la sortie de leur huitième album Fear of an acoustic planet (clin d’œil au Fear of a black planet de Public Enemy). Vingt ans après la sortie de leur premier LP Puzzle, qui connut un grand succès au Japon (le groupe est d’ailleurs en tournée en Asie à l’heure où j’écris ces lignes), les Tahiti 80 revisitent leur riche discographie (plus de 100 morceaux) dans des versions épurées et dépouillées de leurs parures électriques.
Beaucoup d’artistes se sont frottés à l’exercice depuis les célèbres enregistrements des MTV unplugged. La plus célèbre de ces sessions reste dans la mémoire collective celle de Nirvana, dans laquelle Kurt Cobain, désosse ses morceaux de leur rage, pour y poser et mettre en avant sa voix et ses accords.
Chez les Tahiti, on remonte la rivière à contre-courant des classiques et évidentes reprises unplugged voix-guitare. Ce qui a fait du groupe un écrin pop tout au long de sa carrière, est ce talent à composer des mélodies évidentes, de celle qui vous laisse sans voix, et que vous fredonnez naturellement. Et comme tout bon orfèvre, le groupe a toujours eu le souci de s’entourer de collaborateurs dignes d’arranger et de sublimer leur perfect pop songs. Andy Chase (Ivy) et Tore Johanson (Cardigans) pour Puzzle, Richard Hewson (arrangeur des Beatles) sur Wallpaper for the soul, Neal Pogue (producteur d’Outkast, NERD) sur Fosbury, Richard Swift (Shins, Black Keys) pour Ballroom.
C’est ainsi que le groupe revisite ses douze morceaux dans des versions certes acoustiques mais interprétés par l’ensemble du groupe, portés par une énergie collective "Tahiti 80 a toujours été un groupe, une alchimie entre plusieurs musiciens" et enrichis d’instruments inédits (xylophone, bongos, melodica, glockenspiel...).
Fear of an acoustic planet réinterprète avec délicatesse et brio les classiques du groupe ("1000 times", "Heartbeat") mais également des titres plus contemporains ("Easy", "Hurt") et réussit la gageure de rejouer en mode acoustique tout en conservant le groove originel certains de leurs morceaux soul-funk ("Big day"). C’est au travers de revisites épurées que l’on retrouve la magnifique voix de Xavier, sublimer les touchants et gracieux "Something about you girl" et "Seven seas".
Pour qu’un anniversaire soit réussi, il faut les amis autour du gâteau, ici les complices s’appellent Mehdi Zannad ("Matter of time", "Tune in", "Better days will come"), Helen Ferguson et Julien Pras ("Hurts").
Bien qu’un nouvel album soit en préparation, le groupe en revenant à ses anciens morceaux vient nous rappeler ô combien les Tahiti 80 sont une merveille de la french pop, ayant en leur temps réussi l’exploit d’enfoncer les portes de la pop à la française dans laquelle s’infiltreront les Air et Phoenix avec le succès international que l’on connaît.
"Revenir à ses anciens titres, ça stimule, ça permet de se régénérer".
Les Tahiti (Xavier, Mederic, Pedro, Raphael, Hadrien) célébreront ce magnifique clin d’œil à leur carrière lors d’une date at home au Kalif à Rouen le 25 octobre avant leur unplugged party parisienne au Café de la danse le 22 novembre. A noter le retour de Sylvain Marchand (batteur originel du groupe) non pas derrière ses cymbales, mais en tant que photographe du groupe.
Fear of an acoustic planet est un album à part entière et essentiel du groupe, à écouter et conserver précieusement dans sa discothèque, histoire de se rendre compte (ou se remémorer) du génie mélodique de nos polynésiens préférés. Quant à votre rédacteur, l’écoute de ces morceaux le replonge dans ses années lycées / fac en compagnie des Tahiti, à parler ziq, pop, à échanger les k7, à fréquenter les mêmes studios, les mêmes soirées... Douce madeleine de Proust... Muruuru Tahiti boys.
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