C’est un plateau cent pour cent féminin qui était proposé, en lien avec le Nancy Jazz Pulsations, le vendredi 11 octobre à Bar-le-Duc.
Deux artistes féminines seules sur scène et deux façons d’habiter cette scène. Deux artistes étrangères qui ont fait le choix de vivre en France, deux univers différents. La lumière d’un côté, les ombres de l’autre.
Être seul sur scène est un exercice absolument délicat : être capable de faire une proposition musicale intéressante, de capter et garder l’attention du public. Dom La Nena ou Sarah McCoy ne font pas le même genre musicale et n’utilisent pas les mêmes moyens musicaux mais dans les deux cas elles proposent deux belles prestations.
La jeune chanteuse Dom La Nena originaire de Porto Alegre, dans le sud du Brésil, près de la frontière uruguayenne offre une musique folk lumineuse. Avec son petit côté Rémy Bricka, elle joue du violoncelle mais également divers tambours, claviers, du ukulélé, de la guitare électrique et chante avec un bonheur communicatif. Sa musique lui ressemble beaucoup, simple, naturelle, une invitation au bonheur et au voyage (entre le brésil, la France, Buenos Aires...).
"Felicidade foi-se embora, E a saudade no meu peito ainda mora, E é por isso que eu gosto lá de fora, Porque eu sei que a falsidade não vigora". Elle reprend "Felicidade" de Lupicino Rodrigues et chante qu’il faut donner de la valeur aux choses simples de la vie pour réussir à être heureux. Seule sur scène, elle joue avec différents modes de jeux sur son violoncelle, boucle les instruments. Elle est souvent attendrissante, lumineuse et son énergie communicatrice.
Sarah McCoy est totalement différente. Elle est outrancière, vulgaire mais divine. Avec sa robe noire comme son univers (comme une sorte d’hommage chic et choc à Russ Meyer), son côté burlesque trash on a peur qu’elle en fasse beaucoup trop. On comprendra vite que ses sales manières, son humour déjanté et son rire gargantuesque cachent une poésie, des fêlures et une timidité. La chanteuse seule avec son piano c’est une explosion blues déchiré, c’est une voix magistrale, de superbes mélodies. Mais surtout, c’est assurément un personnage capable de nous transpercer d’émotions, quand elle chante (évoquant Big Mama Thornton, Billie Holiday, Amy Winehouse, Tom Waits et Screamin’Jay Hawkins) ou quand elle raconte sa vie tourmentée. Il suffit de voir le public la gorge nouée quand elle explique la genèse de "Mamma’s song". Sarah McCoy, prêtresse vaudou, donne énormément pour ne pas dire qu’elle donne tout et se montre régulièrement émouvante, tonitruante et bouleversante.
Deux artistes, deux façons d’habiter la scène mais beaucoup d’émotion...

|