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Phantom Solids  (We Are Unique! Records / Bigwax)  octobre 2019

Avec Phantom Solids, nouvel album de son projet Lunt, Gilles Deles (co-fondateur de très ambitieux label We Are Unique! Records !) conçoit et développe une musique que la paresse critique qualifierait d’expérimentale. Nous préférons la présenter comme le projet d’un musicien émancipé, libre dans son expression, minutieux et précis dans son jeu, ne cherchant ni à faire genre, ni à s’enfermer dans un genre, d’ailleurs, l’expérimental n’est souvent pas loin d’être autant codé et complaisant, par le principe même de ses refus et l’enfermement et la prévisibilité que cela génère, qu’une bonne grosse pop song.

Dans les compositions de Lunt tantôt se côtoient et tantôt se mêlent noise-pop, post-rock et no-wave, le tout masterisé (information d’importance tant le disque sonne) par Matt Colton (Sunn O))), Thurston Moore, My Bloody Valentine, etc.).

Phantom Solids commence par une stridence, un bourdon de guitare, puis des cymbales et au-dessus une mélodie, ou plus exactement un thème évolutif, au glockenspiel : l’ambiance est au post-rock. Le titre du morceau est explicite : ça commence par le climax.

Le deuxième morceau est d’un climat plus noisy, par le jeu de guitare notamment, toujours ce glockenspiel, et puis le chant, blanc. L’on croirait, avec ce long morceau qui passe du blanc-gris à quelque chose de beaucoup plus expressif, Lunt sous l’influence d’Arto Lindsay, tant par le chant que pas son jeu de guitare bruitiste.

Sur les morceaux "Dasein Bullshit" (les heideggériens apprécieront) et "In the midst of my days", le glockenspiel disparaît, les guitares bruitistes également, place aux lentes arpèges de guitare ; le chant s’incarne ("In the midst of my days") et tout est calme et épuré, intimiste : un morceau comme l’écoute d’un ami cher que l’on ne voit que trop peu et qui vient nous voir un soir, à l’improviste, pour nous faire une confidence et qu’il fait froid dehors.

Puis vient un autre mouvement ("Emergency for the wise"), petit riff de basse en boucle et retour du glockenspiel, rupture de ton : une musique qui avance en cherchant une voie, et Lunt la sienne ; et il la trouve, pour un temps : le glockenspiel indique la lumière, une direction, une présence ("Traces in the east") au milieu de ce climat redevenu noisy.

Voilà le dernier morceau, une longue plage progressive construite sur un bourdon de clavier, les instruments s’ajoutent peu à peu, un à un, et pour chacun une phrase qui se répète ou varie légèrement : percussion, basse puis un saxophone free plein d’à propos, de précision, nul abus de notes ici.

Ce disque joue des crêtes et des extrêmes.

Certains cinéastes font le choix du noir et blanc alors qu’existe la couleur, choisissent le noir et blanc afin d’explorer et travailler les contrastes, de permettre à l’image de vibrer de toutes ses nuances, Lunt, de la même façon, compose un disque en noir en blanc où rien n’est noir, ni blanc, ni noir et blanc ni gris, tout le contraire même, que des nuances : le noir et le blanc vibrent, irradient, sculptent les contrastes, les intensités et travaillent les ombres. Et les ombres et les fantômes qui y habitent alors s’y déploient : c’est de la vie psychique de chacun dont il est question avec ces histoires de fantômes. La musique et les sons vibrent, ici, comme vibrent les images et les émotions dans les films de Béla Tarr, en moins désespérés. Ce disque, soulignons-le, est d’ailleurs profondément visuel et cinématographique.

Un disque intense comme un paysage intérieur, comme la partition émotionnelle d’une vie habitée et lucide quant à ce qu’elle vit et éprouve ; nul emportement en effet, nul épanchement ici, mais de l’intensité et de l’obstination dans la quête. Ni solaire ni lunaire cette musique est empreinte d’une grande pudeur, d’une grande retenue, aspire à la justesse de l’expression émotionnelle.

Avec Phantom Solids, Lunt ne compte pas en rester là : non, ce disque impressionne tant par sa cohérence, sa lucidité que par sa lente maturation. C’est un disque d’artiste radical, mais soucieux d’aller vers l’auditeur, soucieux d’être compris mais n’appuyant pas, n’insistant pas pour qu’on le comprenne ; ouvert et exigeant il ne semble pas prêt à tout pour être compris.

Phantom Solids mérite d’être écouté par tout mélomane ouvert, exigeant et attendant autre chose qu’un disque de plus.

 

En savoir plus :
Le site officiel de We Are Unique! Records
Le Bandcamp de Lunt


Francois Montjosieu         
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# 11 JANVIER 2025 : Y'en a MARE !

Cette semaine, c'est le retour de la MARE AUX GRENOUILLES, vendredi soir à 21h en direct sur Twitch, c'est gratuit alors on compte sur vous ! D'ici là, voici le programme de la semaine. Retrouvez-nous aussi sur nos réseaux sociaux !

Du côté de la musique :

Nouvel épisode "Rebonds, partie 4" de la saison 2 du Morceau Caché !
"Notturno" de Eva Zavaro & Clément Lefebvre
"The human fear" de Franz Ferdinand
"Flûte et orgue à Notre Dame de Paris" de Jocelyn Daubigney & Yves Castagnet
"Intégrale de l'oeuvre pour violon et piano de Schubert" de Maria & Nathalia Milstein
"Deep in the forest" de Quatuor Akilone
"Everlasting seasons" de Vanessa Wagner
et toujours :
"Nobody loves you more" de Kim Deal
"Celestial" de Mantra
quelques découvertes avec Teenage Role Models, Pales, Lumio
"Sons 2 Ouf!! (Inedits Et Remixs 94-2024)" de Stupeflip
"Space Cowboys" de Uncut
"A defiant cure" de Alta Rossa
"Franck, Haydn, Rachmaninoff" de Ivan Yanakov

Au théâtre :

"Parlons, il est temps" au Théâtre Essaïon
"Faire semblant d'être moi" au Théâtre de la Flêche
"Différente" au Théâtre Comédie Bastille
"Le petit chaperon rouge" au Théâtre de la Huchette
"Les caprices de Marianne" au Théâtre des Gémeaux Parisiens
"Antigone" au Studio Hébertot
et toujours :
"Robinson" au Théâtre de la Huchette
"Le Carnaval des animaux" au Théâtre Libre
"Le sens de la vie est-il un sixième sens..." au Théâtre La Manufacture des Abbesses
"Les parallèles" au Théâtre La Scala
"J'ai mal au siècle" au Théâtre de l'Epée de Bois, La Cartoucherie
"Une leçon de piano avec Chopin" au Théâtre Le Ranelagh
des reprises avec :

"Le nectar de dieux" au Théâtre Le Funambule Montmartre
"La folle et inconcevable histoire des femmes" au Théâtre Le Funambule Montmartre
"Changer l'eau des fleurs" au Théâtre Lepic
"Choisis la vie et tu vivras" au Théâtre Essaïon
"Les marchants d'étoiles" au Théâtre Le Splendid
"Le premier sexe" au Théâtre La Scala
"Touchée par le fées" au Théâtre La Scala
"Le hasard merveilleux" au Théâtre Lucernaire
"Elémentaire" au Théâtre de Belleville
"The loop" au Théâtre des Beliers Parisiens

Du côté de la lecture :

"L'avocate et le repenti" de Clarisse Serre
"Auschwitz 1945" de Alexandre Bande
"La Seconde Guerre mondiale fait son cinéma" de Benoît Rondeau
"Les opérations de la Seconde Guerre mondiale en 100 cartes" de Jean Lopez, Nicolas Aubin & Benoist Bihan
"Ecrits sur le cinéma" de Pauline Kael
"L'héritière" de Gabriel Bergmoser

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Aller au cinéma ou regarder un bon film :

"Bernie" de Richard Linklater

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"Domas le rêveur" de Arunas Zebriunas
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