Quelques mois après avoir vu une nouvelle traduction de 1984 de George Orwell, c’est au tour de l’auteur italien Pier Paolo Pasolini d’avoir droit à une nouvelle traduction de l’un de ses livres les plus connus, Une vie violente.
Pier Paolo Pasolini est un écrivain, poète, essayiste, journaliste et cinéaste italien né à Bologne et assassiné en 1975 sur une plage d’Ostie, près de Rome. Son œuvre éclectique et politiquement engagée est considérée comme l’une des plus novatrices de la seconde moitié du siècle dernier en Italie.
Une vie violente, le second roman de l’auteur a paru aux éditions Buchet-Chastel en 1961, auréolé du succès et du scandale que le livre venait de provoquer en Italie. Les éditions Buchet-Chastel ont donc décidé de remettre à l’honneur, dans une nouvelle traduction de Jean-Paul Manganaro, ce texte fondateur dans l’œuvre du sulfureux auteur italien.
Dans la lignée des Ragazzi auquel il succède, Une vie violente poursuit l’exploration de la jeunesse perdue des bas-fonds romains avec un réalisme cru. Dans l’Italie chaotique d’après-guerre, Tommaso, le héros du livre, tente de se forger une réputation dans un quartier de Rome livré aux petits malfrats.
Pour ce faire, il s’adonne à la force des faibles, la violence, et devient un de ces vitelloni, un voyou à la petite semaine qui survit de vols à main armée et larcins en tout genre. La prison puis la maladie sauront-elles l’emmener sur les chemins de la rédemption ? Ou bien serait-ce l'amour qui va aussi toucher notre jeune délinquant ?
Ce héros, ce jeune italien qui tente de sortir de la délinquance en organisant sa rédemption semble représenter en fait la situation de l'Italie de l'après-guerre au sortir du chaos et de l'époque mussolinienne. Cela donne alors une réelle dimension politique à l'ouvrage de Pier Paolo Pasolini, ce militant de gauche qui parvient à délivrer de nombreux messages autour de ce livre.
Cet ouvrage de Pier Paolo Pasolini est noir, reflétant l'époque d'extrême pauvreté qui touche l’Italie après la guerre. Ce qui marque le lecteur dans ce livre, c'est le peu de place laissé aux sentiments dans l'histoire de ce groupe de jeunes. Les liens familiaux sont faibles, les parents inexistants, il n'y a pas d'amour ou très peu, même avec cette jeune fille fréquentée par Tommaso avec qui il passe du temps sans vraiment qu'ils se comprennent. Les mots sont souvent crus mais aussi plein de tendresse, on vibre sous la plume de Pasolini.
J'ai donc découvert ce superbe roman par le biais de cette nouvelle traduction et j'en suis ravi. A vous de faire comme moi si vous n'avez encore jamais lu ce roman. |