Monologue dramatique de Gilbert Ponte interprété par Malyka R. Johany dans une mise en scène de Steve Suissa.
Dans le stade de Pékin où la jeune somalienne de 17 ans se retrouve pour courir le 100 mètres olympique en 2008, la clameur de la foule lui rappelle les plages de Mogadiscio où elle a grandie et couru tant de fois.
"Samia", le texte de Gilbert Ponté raconte l'histoire vraie de Samia Yusuf Omar, jeune athlète somalienne qui après avoir participé aux Jeux en Chine puis s'être entraînée quelques temps en Ethiopie, tentera de rallier l'Angleterre par le biais de passeurs afin de réaliser son rêve de participer aux JO de Londres en 2012.
Le public vit avec elle ce long périple où, entassés, femmes et hommes, unis et seuls à la fois, tentent le voyage dans cet espoir d'un avenir meilleur. Cet espoir qui n'est plus qu'un rêve qui prend l'eau à mesure que cet exode se prolonge, et ne vit plus que dans l'imaginaire des plus convaincus.
Entrecoupées de belles et tristes mélodies qu'elle fredonne pour se donner du courage, les scènes s'enchaînent, relatant les cinq dernières années de Samia entre 16 et 21 ans, de Pékin où elle frôlera son rêve jusqu'à la fin de celui-ci sur une plage de Lampedusa.
Complétement à l'aise sur scène, Malyka R.Johany, comédienne instinctive et sensible, montre une belle énergie ainsi qu'un engagement de tous les instants pour faire vivre ce texte où Samia raconte sa passion pour la piste mais décrit aussi les conditions de son voyage et la perte d'humanité dans un périple éprouvant à travers mers et déserts. Et en même temps, sensibilise au sort des migrants obligés de fuir la guerre et la misère.
Dirigée avec précision par Steve Suissa dans une mise en scène où le focus est fait sur les sensations de Samia à la façon d'un journal intime, entourée de beaux tissus de couleurs dans les lumières fines de Jacques Rouveyrollis et Jessica Duclos, elle raconte sans pathos avec une flamme omniprésente ce récit déchirant. |