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Théâtre Athénée-Louis Jouvet  (Paris)  novembre 2019

Monologue dramatique de texte Samuel Beckett interprété par Denis Lavant dans une mise en scène de Jacques Osinski.

Après "Cap au pire", le duo beckettien Jacques Osinski et Denis Lavant se reforme pour une nouvelle leçon théâtrale touchée par la grâce avec "La dernière bande".

Tout commence par un long silence. Assis derrière un bureau où trône un magnétophone d'antan et quelques cartons d'archive d'avant antan, Denis Lavant respecte le long silence des didascalies beckettiennes.

Il le perturbe d'un petit gémissement quand il sent qu'il doit se lever pour ouvrir l'un des tiroirs du bureau placés face au public - contre toute logique administrative - et en sortir une banane. Commencer à la manger après l'avoir clownesquement caressée et épluchée lui prendra le temps nécessaire qu'il faudra.

Jacques Osinski dit s'être souvenu de "Film", le court-métrage écrit en 1965 par Samuel Beckett et dans lequel Buster Keaton se balançait sur un rocking-chair. Et l'on comprend mieux qu'ici Lavant est aussi un acteur du muet... qui va finir, de guerre lasse et par nécessité théâtrale, par parler. Il s'écoutera beaucoup parler off quand la bande magnétique enfin démarrera et ne fera finalement que la répéter ou la paraphraser quand il prendra enfin la parole.

Dialectique entre le silence et les mots, entre une vie qui se rejoue au hasard de la "bobine" magnétique sortie d'une "boîte" et la mémoire d'un quasi vieillard. Aujourd'hui, pour son pèlerinage annuel dans ses souvenirs enregistrés, Krapp, écrivain clochardisé presque septuagénaire, se penche sur la bobine 5 de la boîte 3.

De ce "monodrame" très court, écrit en anglais pour le grand acteur nord-irlandais Patrick Magee (Krapp's Last Tape) et traduit par Beckett lui-même, Jacques Osinski tire l'équivalent d'une pièce entière sans qu'on ressente une quelconque dilatation temporelle.

Comme dans "Film", il pourrait n'y avoir ni début ni fin. Lavant pourrait appuyer éternellement sur cette bande qui tourne et s'arrête de tourner au hasard de la volonté mécanique de son doigt, s'il n'avait soudain l'envie de tout bazarder de ne laisser sur son bureau que le magnétophone, seul, sans bande, inutile objet d'une mémoire soudain inutile.

Aucune affectation, aucun surjeu, aucun besoin de prouver quelque chose de plus que ce que le texte lui demande de prouver : Denis Lavant n'est peut-être même pas encore au sommet de son art. Il lui en reste sans doute encore sous la pédale, celle des expériences qu'il vivra sur scène ou dans sa vie pour être dans une bonne dizaine d'années totalement synchro avec l'âge voulu par Beckett pour être Krapp.

Le mot "expérience" vaut aussi pour le public capturé par un texte minimal dont chaque mot entendu fait sens. Chaque spectateur conquis sera emporté par le texte si bien porté par le comédien et son metteur en scène.

Un régal pour celui qui veut comprendre ce qu'a d'unique l'art théâtral.

 

Philippe Person         
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# 17 mars 2024 : le programme de la semaine

De la musique, des spectacles, des livres. Aucune raison de s'ennuyer cette semaine encore. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.

Du côté de la musique:

"Almost dead" de Chester Remington
"Nairi" de Claude Tchamitchian Trio
"Dragging bodies to the fall" de Junon
"Atmosphérique" de Les Diggers
quelques clips avec Nicolas Jules, Ravage Club, Nouriture, Les Tambours du Bronx, Heeka
"Motan" de Tangomotan
"Sekoya" de Tara
"Rita Graham partie 3, Notoriété", 24eme épisode de notre podcast Le Morceau Caché
et toujours :
"Scars" de Greyborn
"Rooting for love" de Laetitia Sadier
"Quel est ton monde ?" de Olivier Triboulois
"Letter to self" de Sprints
"TRNT best of 1993 2023)" de Tagada Jones
"Beyond the ridge" de Wildation
Quelques clips chez YGGL, Down to the Wire, Malween, Lame, For the Hackers et Madame Robert

Au théâtre

les nouveautés :

"Une vie" au Théâtre Le Guichet Montparnasse
"Le papier peint jaune" au Théâtre de La Reine Blanche

"Lichen" au Théâtre de Belleville
"Cavalières" au Théâtre de la Colline
"Painkiller" au Théâtre de la Colline
"Les bonnes" au théâtre 14
et toujours :
"A qui elle s'abandonne" au Théâtre La Flêche
"Les quatres soeurs March" au Théâtre du Ranelagh
"Mémoire(s)" au Théâtre Le Funambule Montmartre
"N'importe où hors du monde" au Théâtre Le Guichet Montparnasse
"Quand je serai un homme" au Théâtre Essaïon

Du cinéma avec :

"El Bola" de Achero Manas qui ressort en salle

"Blue giant" de Yuzuru Tachikawa
"Alice (1988)" de Jan Svankmajer
et toujours :
 "Universal Theory" de Timm Kroger
"Elaha" de Milena Aboyan

Lecture avec :

"La sainte paix" de André Marois
"Récifs" de Romesh Gunesekera

et toujours :
"L'été d'avant" de Lisa Gardner
"Mirror bay" de Catriona Ward
"Le masque de Dimitrios" de Eric Ambler
"La vie précieuse" de Yrsa Daley-Ward
"Le bureau des prémonitions" de Sam Knight
"Histoire politique de l'antisémitsme en France" Sous la direction d'Alexandre Bande, Pierre-Jerome Biscarat et Rudy Reichstadt
"Disparue à cette adresse" de Linwood Barclay
"Metropolis" de Ben Wilson

Et toute la semaine des émissions en direct et en replay sur notre chaine TWITCH

Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

           
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