Fires In The Distant Buildings permet de dissiper un léger malentendu. Il y a un an, à la sortie du premier album du groupe Gravenhurst (projet solo de Nick Talbot, jeune musicien de Bristol) Flashlight Seasons, on s'était empressé de ranger le jeune britannique auprès des nombreux et talentueux héritiers de Nick Drake et autres compositeurs de folk délicat.
Talbot explique qu'à l'époque il était contraint de jouer des morceaux acoustiques pour des raisons économiques, car enregistrer des morceaux plus électrisés en studio coûte cher…
Heureusement cette fois- ci, Warp a permis a Talbot d'accoucher de ce disque à l'électricité vénéneuse. Attention, quand on parle d'électricité, on fait référence aux pylônes à haute tension érigés par les hérauts du post-rock (Slint, June Of 44 en tête), à ces guitares tapies dans l'ombre, à ces silences en trompe l'œil mais toujours prêts à vous sauter à la gorge, à se muer en orage sonique.
C'est exactement ce qu'il se passe sur "Down The River" et "The Velvet Cell". On pense inéluctablement à Slint et à ses longues montées qui laissent place à des déflagrations de saturation…
Ce qui frappe dans ces compositions, c'est l'ambiance moite, cette violence rampante qui sourde de chaque morceau… Il faut dire que ce disque a été composé dans des conditions qui ne facilitaient pas la composition de ritournelles insouciantes…
A cette époque, Talbot habitait dans l'équivalent du Bronx à Bristol, et cerise sur le gâteau, son couple était en crise… "Animals" et "Nicole" sonnent d'ailleurs comme des complaintes forcément inspirées par les déchirures et la confusion des sentiments… Mais ces deux morceaux, tâpis au milieu du disque, seront les seuls réels moments qui bercent l'auditeur…
Car "The Velvet Cell Reprise" ou encore le sublime "Song From Under The Arches" partent encore de mélodies patiemment construites, finalement réduites à néant à grands coups de guitares furibardes mais délicieusement cathartiques…
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