Retrouver l’auteure canadienne est toujours un immense ravissement pour ceux qui aiment la littérature comme moi. Qu’elle nous propose un roman ou un recueil de nouvelles, on sait à chaque fois que la lecture de ses mots sera un pur plaisir. Une fois encore, l’auteure nobélisée en 2013 nous proposait en 2004 neuf superbes histoires de femmes que l’on retrouve aujourd’hui dans une nouvelle traduction réalisée par Agnès Desarthe.
Alors de quoi parlent ces histoires d’Alice Munro ? De tout et de rien. De baisers volés, évidemment, Alice Munro étant une spécialiste pour nous raconter des histoires d’amour. Mais aussi de meubles encombrants dont on ne parvient pas à se séparer. La vie, celle que nous raconte Alice Munro, c’est aussi des trahisons nécessaires, des mots d’adieu aussi.
Alice Munro nous propose des histoires de femmes, des histoires d’amour, des histoires de femmes déchirées entre la passion et la vie domestique, le désir d’être libre et la bonne éducation. Des femmes de tous les jours, que l’on a l’impression de connaître, auxquelles on peut aussi s’identifier, ce qui est la grande force du livre. Alice Munro nous parle d’elle mais elle nous parle à nous surtout.
On y trouve Jenny qui attend son mari dans une voiture en plein soleil. Une échappée en compagnie d’un adolescent réveille en elle le frémissement de l’herbe qui danse dans les champs de maïs. On y trouve Alfrida, une femme indépendante et libertaire, qui est le modèle de sa nièce, jusqu’au jour où elle découvre que sa tante adulée possède les mêmes meubles insipides et massifs que le reste de la famille. On y trouve Nina, dont le mari atteint d’une maladie dégénérative vient de se suicider. Ce choix, c’est ensemble qu’ils l’avaient envisagé. C’est pourtant seul qu’il l’a mis à exécution. Désemparée, Nina cherche un mot d’adieu.
C’est donc des histoires de femmes que nous propose l’auteure canadienne. Des femmes pleines de contradictions, partagées entre la vie domestique et la passion des sentiments, entre le respect des valeurs traditionnelles et un besoin éperdu de liberté. L’ensemble de ces histoires est portée par l’ecriture superbe de l’auteur, d’une acuité et d’une humanité sans pareil.
Ouvrage intelligent, qui au passage n’a pas pris une ride (l’amour est éternel), il permet au lecteur de s’interroger sur ce que signifie réellement aimer, ce qu’est le sentiment amoureux. Chaque personnage imaginé par l’auteure nous offre une réponse nuancée, incarnant à tour de rôle un aspect différent de ce que peut être le sentiment amoureux.
A chaque fois ces situations d’amour et de sentiments se traduisent par des gestes, des actions ou des mots qui nous font beaucoup réfléchir. Tout ça traversant des personnages touchants, attachants et profonds qui prouvent que l’auteure Canadienne est une des plus grandes auteures de nouvelles.
Alors voilà, les éditions de l’Olivier ont donc eu une superbe idée en rééditant ce très bel ouvrage d’Alice Munro dans une nouvelle traduction. |