Aux Étoiles, ex-salle de cinéma, le public s'est rassemblé autour des tables rondes disposées ça et là ; on boit du vin. Ambiance feutrée, joliment pudique : le ton est donné.
Gracieux, le crâne "épilé", le clown Poli entre en scène. À ses côtés Jérôme Sarfati (piano, contrebasse) et ses trois nouveaux acolytes : Philippe Rack ("l'artificier percussif"), Marwen Kammarti ("l'archer") et Laurent Guillet ("le jeune grattiste en chef").
"Chut…/Que tout ceci reste entre nous/J'ai un penchant, un mauvais goût/Pour les chutes…". Fausses confidences, chansons chuchotées, parlées, jouées, la planète Poli connaît certes les bonnes manières… Mais elle sait aussi se faire malicieuse grâce à l'humour.
Parolier, défenseur de chansons à texte, Monsieur Poli n'en est pas moins un artiste qui sait donner de la voix (il a du coffre) et qui a su enrichir ses mots par une riche orchestration.
Il faut dire que la nouvelle formation à cinq porte ses fruits : l'épure style "café concert" est intacte, et la fusion des sonorités apportent aux morceaux une force jusque-là insoupçonnable. Le tout semble plus terrien, plus ancré, et le spectacle devient alors plus entier. S'il est bon d'écouter Poli, il est aussi agréable d'avoir l'occasion de le voir en scène, car ses concerts possèdent une qualité visuelle, un style interprétatif proche du théâtre.
Certains morceaux apportent beaucoup de dérision ("Pompidou", "Les filles sont nues sous leurs vêtements") tout en surfant sur un genre politiquement incorrect ("Le Complexe sportif Léo Lagrange")…
Animal désarticulé (voix, gestes), aux faux airs de Bruce Willis, il aime jouer les tendres séducteurs. Et quand il parle Amour c'est toujours avec une petite dose de second degré ("Du sable dans les chaussures", "Juste pour voir")…
Gageons que vous saurez apprécier son nouvel album Des pépins et des pommes fraîchement sorti dans les bacs et qui comptent parmi ses titres un duo avec le grand Monsieur Allain Leprest…
En attendant le prochain concert…
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