De temps et de vents
(Go Musique / Believe / Coop Breizh) novembre 2019
Damned, une marche militaire laisse place au biniou, vite, je troque mon fut à trous contre un kilt en laine qui gratouille, et pile au moment où je prends place sur la table du salon pour jeter les guiboles au-dessus de mes épaules, une guitare vrille le folklore d’un rugissant "Lâchez les druides !".
Musique celtique et rock, c’est un peu la recette pour une fête hydratée aux céréales fermentées et aux mains baladeuses. Suffit d’esquiver ma grande. Bodh’aktan vient tout droit du territoire à l’accent qui menace les cordes vocales d’une entorse à chaque bras. Les six compagnons canadiens et leur nouveau compère de Bodh’aktan mélangent les styles en une joyeuse salade composée de cornemuses et de guitare rock. De temps et de vents est une tempête de bonne humeur, avec une méga portion de frites s’il vous plaît. Et plein de gluten, beaucoup. C’est bon pour les conquêtes.
Et ils en ont conquis du pays les lascars, pas moins de 200 concerts des deux côtés de la grande Mare, ils envoient une énergie entre rage against the biniou et Irish pistols. Ils chantent la vie avec l’urgence des traumatisés, le timbre clair et le rythme endiablé d’une ronde effrénée à s’en faire tourner la tête.
Alain Barriault, Luc Bourgeois, Benoit Claveau, Eric Gousy, Alexandre Richard, Marc-Etienne Richard et Eric Tanguay sont un rire communicatif, impromptu et spontané, ils sont à la fois espiègles et efficaces dans chacun de leurs titres, dansants et enthousiastes. A reprendre à tue-tête.
"Tant qu’il restera du rhum, tant qu’on sera en bonne compagnie, tant qu’la musique sera bonne, nous danserons toute la nuit" ("Tant qu’il restera du rhum") : ça sent la fin de soirée, bras dessus, bras dessous, les pas tâtonnants, et la démarche mal assurée, ensemble, à se tenir les cheveux et repartir pour un tour. L’amitié et le rhum. Je ne sais pas qui a inventé le concept mais bordel que c’est chouette.
Tant qu’il y aura des comptoirs, on aura des héros. Du rhum, des hirsutes, et du punk non de dieu, un accordéon, c’est ça qui rend heureux, que le diable nous emporte on n’a rien trouvé de mieux.
# 14 avril 2024 : En avril, de la culture tu suivras le fil
Un peu de soleil, des oiseaux qui chantent, le calme avant la tempête olympique. En attendant, cultivons-nous plutôt que de sauter dans la Seine. Pensez à nous soutenir en suivant nos réseaux sociaux et nos chaines Youtube et Twitch.