Loin du mainstream et des sirènes, Beggars résiste aux tentations : les signatures putassières, la hype sans fondement et les groupes à la mèche plus rebelle que leurs accords. De TV on the radio à Early Man en passant par Blonde Redhead, les signatures osées et réussies s'empilent sur le bureau.
Une Soirée Beggars au Nouveau Casino s'imposait donc pour faire découvrir au public à l'œil torve la nouvelle génération et ses nouveaux courants.
L'entrée en matière est assurée par les français du groupe Go Go Charlton.
Déjà remarqués pour avoir assuré avec succès les premières parties, de groupes notamment signés chez Beggars, les parisiens remplacent au pied levé le groupe Calla qui a dû annuler sa prestation.
Influencés par les Smiths et New Order, ils oeuvrent dans un registre typiquement indie de bonne facture. Sans doute un groupe à suivre.
Minotaur Shock, en est un, de choc.
Scène aussi dépouillée que la salle, un duo s'acharne. Plus précisément David Edwards, la tête pensante de Minotaur, venu défendre son vrai premier album, Maritime.
A cheval entre l'électronica intimiste et le rock mis à nu, Minotaur reste un dédale dont on parvient difficilement à s'échapper.
Troublant David Edwards, parvenant difficilement à faire passer l'émotion des boucles enregistrées, des arpèges minimalistes.
"She's in dry dock now" touche par sa sincérité organique, "Muesli" se révèle être une perle d'artisanat électro, mais Minotaur parvient difficilement à canaliser l'attention.
L'intention est bonne, mais les longues plages instrumentales peinent à trouver leur public.
Les changements d'instruments de sa compagne n'y feront rien (clarinette foutraque, mini toy synthé, etc..), il manque une cohérence.
Sans prendre l'eau, Maritime reste un album difficilement retranscriptible sur scène. David Edwards s'en va le cœur lourd..
Changement d'ambiance pour The New Pornographers, groupe canadien à la power pop tonitruante, en marche vers la gloire (Enfin ?) avec Twin Cinéma fraîchement sorti.

Groupe à géométrie variable (9 membres !!), The New Pornographers n'a rien du groupe sulfureux que son nom semble annoncer. Et pourtant la magie s'opère des le premier titre sur "Twin Cinéma", en dépit des mélodies mille fois entendues.
La salle quasi comble, les effluves qui montent, le groupe soudé et son batteur titanesque…
On cherche encore des raisons, des arguments, mais The New Pornographers fait simplement plaisir à entendre.
 Et le meilleur des chansons vient sans doute des perles pop sucrées chantées par Kathryn Calder (piano, chant), notamment sur "The bones of an Idol", évoquant la douceur des 60' sans nostalgie.
Jeu de scène minimal pour A.C. Newman, leader des nouveaux pornographes, mais succès pourtant.
Succès des mélodies imprenables ("Use it"), et victoire des harmonies qui se superposent sans encombre. Un rock pompier capable d'accalmies ("Falling through your clothes") et donc une excellente surprise du coté de chez Beggars.
Au final, le rock est peut être mort, mais le cœur de la scène indépendante bat encore.
|