Récit dramatique d'après l'oeuvre de Pierre Loti, adaptation et mise en scène de Florient Azoulay et Xavier Gallais, interprété par Xavier Gallais. Compagnons de route théâtrale notamment au sein de leur Compagnie KGA dédiée à la convergence de la littérature et du théâtre, Florient Azoulay et Xavier Gallais se retrouvent pour l'adaptation scénique de deux oeuvres diaristes du romancier Pierre Loti qui fut officier dans la marine militaire avant de s'inscrire en littérature dans un temps où sévissent le romantisme, l'orientalisme et le renouveau du genre du récit de voyage.
Avec "Le Fantôme d'aziyadé", résultant de l'hybridation de ses journaux rétrospectifs publiés sous les titres "Aziyadé" et "Fantôme d’Orient" qui satisfont à ces tropismes, invitent le spectateur à larguer les amarres spatio-temporelles pour s'immerger dans l'Orient du 19ème siècle et suivre les pas d'un homme qui revient sur une terre fantasmée, la Stamboul de l'Empire ottoman, sur la trace d'un amour magnifié et la recherche de la tombe de la femme aimée.
Il dispose de trois jours pour accomplir l'adieu à la bien aimée, une odalisque musulmane courtisée par bravade et pour tromper l'ennui qui s'est révélée être l'unique à jamais, la femme fatale, abandonnée par la force du destin et apaiser le fantôme qui hante ses nuits.
Pour transposer sur scène le "chant funèbre somptueux" de Pierre Loti, Florient Azoulay et Xavier Gallais ont composé une partition sensible et polysémique qui revêt, au gré d'une déambulation dans la ville magique entre Europe et Asie et sur les flots du Bosphore qui baigna les amours nocturnes du protagoniste.
Elle revêt la forme d'une méditation sur la fuite du temps et l'empreinte du souvenir, d'un pélerinage, d'un processus de deuil et d'une quête de résilience sous haute tension dramatique aux allures d'échappée fantastique.
Excluant toute illustrations anecdotiques, les auteurs-metteurs en scène ont opté pour un plateau nu à peine animé par la composition musicale Olivier Innocenti à la discrète présence pointilliste et les lumières crépusculaires de Luca Antonucci posant une adéquate atmosphère d'aréalité dans laquelle intervient l'officiant diégétique.
Xavier Gallais apporte son beau timbre de voix, ton feutré dont les infimes inflexions sont modulées par un micro vintage et tempo low-fi, et son art du dire. Et inutile de préciser qu'il captive l'auditoire. |