No One is Innocent était en concert le 6 décembre dernier au Normandy, à Saint-Lo (50) sur la fin d’une très longue tournée intitulée "Frankenstein Tour". Un concert généreux, puissant et énergique, comme l’est d’ailleurs leur dernier album. Du rock énervé et efficace avec même une reprise de leur grande source d’inspiration, R.A.T.M. ("Bullet in the head"). No One finira même par inviter le public à le rejoindre sur scène pour un finish dantesque.
Quelques minutes avant le concert, Froggy’s delight a rencontré Kémar, le chanteur du groupe. Après nos rencontres avec Ultra Vomit, Niko du Bal des Enragés, maintenant No One is Innocent !
Vous avez récemment fait un zénith tous ensemble. On peut dire qu’il y’a une certaine osmose entre vous ?
Oui. On peut dire ça. Au départ, le tourneur est commun et on a joué plusieurs fois ensemble et forcément les techniciens et musiciens de chaque groupe se sont tous retrouvés dans la même caravane. Des liens se sont créés avec surtout une absence totale d’histoire d’égo entre nous. Tout le monde joue pour les autres. En plus, ce qui est intéressant c’est qu’il il y’a plusieurs générations dans des styles différents mais avec un dénominateur commun, un véritable amour de la musique. C’était vraiment une belle aventure.
Pour le concert de ce soir à Saint-Lo, No One partage l’affiche avec Merzhin avec qui tu as chanté, tu aimes bien ces affiches communes ?
C’est super important de s’inviter dans nos groupes respectifs. Le résultat est souvent très bon. Pour le cas de Merzhin, la collaboration a donné un super morceau dont je suis très fier ("Nomades").
C’est la fin de votre tournée, heureux ?
La tournée s’arrête le... vendredi 13 (décembre). On est content car c’est un peu la quille. En même temps, on a un rythme de dingue, une véritable mâcheuse de guerre en ce moment. La tournée a quand même débuté en mars 2018. Il est donc temps de raccrocher et de se retrouvera pour faire de nouvelles chansons. Il y’a des moments où tu passes ton temps à écrire, répéter, être en résidence et tu n’as pas qu’une envie c’est d’aller sur scène. Et puis quand tu fais de la scène depuis deux ans, tu n’as qu’une envie c’est de poser tes valises.
Quel a été le moment le plus fort de cette tournée ?
Je ne vais pas le cacher, c’est bien évidemment le Hellfest avec 40 minutes de grâce sur la mainstage. On n’y a pas cru. Après 25 ans de groupe, vivre des moments comme cela sur scène, ça reste incroyable. Le Zénith de Paris a été aussi un moment important car il représentait l’aboutissement de toutes les tournes avec Tagada et Ultra vomit. Et puis, remplir le Zénith, ce n’est pas rien. Il ne faut pas non plus se fixer sur ces grosses dates. On a vécu des choses incroyables dans des salles plus petites à 700-800 personnes. Je pense à un concert Chez Narcisse au Val d’Ajol (88) qui était une sorte de sauvagerie festive.
Est-ce qu’un nouvel album se prépare ?
On a effectivement commencé cet été à mettre des idées. Pour les paroles, c’est moi principalement avec parfois l’aide d’un vieux pote. On a ensemble un ping-pong d’écriture qui marche vachement bien. L’écriture est un moment d’une très grande exigence et très douloureux car on va se prendre la tête sur une phrase pendant des semaines. C’est donc un soulagement de pouvoir échanger avec un vieux pote qui aime le rock’n’roll. Ensuite, pour la musique, on bosse à trois, moi et les deux guitaristes et après on partage avec les autres. Popy (guitariste) et moi on n’habite pas loin donc cela facilite les échanges. Shanka (guitariste) est vers Fontainebleau et on pose les maquettes chez lui.
Fred Duquesne (guitariste de Mass Hysteria et producteur) sera-t-il encore à la réalisation ?
Oh, c’est bien possible. Initialement c’est un pote de bande c’est au moment de Propaganda (2015) qu’on a souhaité travailler ensemble et ça a donné un excellent résultat.
Est-ce qu’on peut dire que No One sera éternellement un groupe engagé ?
Oui. C’est l’ADN du groupe d’être engagé. On s’est construit sur la base d’un rock énervé. C’est une thérapie et notre manif consiste finalement à écrire des chansons et les chanter sur scène. La musique est en interactivité avec les textes et ça marche avec une belle cohésion.
Est-ce qu’on peut envisager une orientation musicale nouvelle comme Utopia (1997) l’avait été ?
Non. Il y a plus une envie de surprendre en termes de compos qu’au niveau de la production. On veut rester dans la même ADN que nos deux derniers albums (ndlr : Propaganda et Frankenstein).
Est-ce qu’on peut imaginer de nouveau un album avec la participation d’un écrivain à aux textes (ndlr : cela avait été fait sur Utopia avec l’auteur de cyber-polar Maurice G. Dantec) ?
Maurice G. Dantec était un mec foncièrement punk dans l’âme et c’est pour cela qu’on s’est acoquiné avec lui. C’était vraiment une collaboration d’écritures donc un projet à part. En 1997, il nous parlait d’internet et du bouleversement que cela allait entraîner sur le monde alors qu’on était encore aux gros téléphones. Il avait une vision incroyable sur le monde.
Quel a été ton coup de cœur musical récent ?
J’adore Electric wizard qui me renvoie à tout ce que j’aime, Black Sabbath notamment. Il y a toujours Jack White qui est extrêmement brillant. Le dernier album de Lofofora m’a plu avec encore de très bons textes.
On vient d’apprendre que Rage Againt The Machine se reforme, ça doit te faire quelque chose ?
Ah oui, ça me fait quelque chose ! Je les ai vus lors de leur premier passage à Paris en première partie de Suicidal Tendencies et j’ai tout de suite eu l’impression de vivre quelque chose qui allait changer la face du rock. C’est un groupe au final que j’ai vu 7-8 fois et j’ai même rencontré Tom Morello (guitariste). C’est une nouvelle incroyable.
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