Spectacle conçu et interprété par Awena Burgess et Orit Mizrahi d’après l’essai éponyme de Christiane Rochefort dans une mise en scène de Orit Mizrahi.
"C'est bizarre l'écriture" est le titre d'un ouvrage de Christiane Rochefort publié en 1970. Surtout connue pour "Le repos du guerrier", elle est aujourd'hui un nom "qui dit quelque chose" sans forcément être lue. Et puis peut-on vraiment la lire puisque ses ouvrages sont désormais pour la plupart introuvables ? Sur une scène encombrée d'objets divers, le plus souvent assises derrière leurs machines à écrire d'avant le traitement de texte et l'ordinateur portable, Awena Burgess et Orit Mizrahi, qui ont conçu ce spectacle et adapté ">C'est bizarre l'écriture" en lui adjoignant des extraits des romans et essais de Christiane Rochefort, se souviennent de l'écrivaine qu'elles connurent toutes les deux très jeunes. Chanteuse talentueuse, Awena Burgess ajoute une touche musicale en interprétant quelques titres anglo-saxons qu'aimait Christian Rochefort. Occasion aussi de révéler qu'elle a traduit avec Rachel Mizrahi, la maman d'Orit, "Flagrant délire" le roman de John Lennon. Même si on n'a jamais lu Christiane Rochefort, les choix de textes opérés par Awena Burgess et Orit Mizrahi suffisent à comprendre sa qualité d'écriture, la modernité des sujets qu'elle traitait. Cette femme libre, féministe ouverte réfléchissant sur l'épanouissement sexuel que générait la liberté acquise dans les années 1960-70, mériterait d'être relue pour, justement, éviter une inutile reprise de la guerre des sexes. Pendant 75 minutes, les deux jeunes femmes font leur maximum pour servir la cause de Christiane Rochefort dans un spectacle joyeux, qui n'a rien d'une leçon littéraire. Tout au contraire, elles s'amusent, heureuses de réenchanter une écriture colorée, n'hésitant pas à partir dans tous les sens. Loin, loin des plates auto-fictions qui croient servir la cause féminine en prônant une écriture sérieuse et sans saveur. Au contraire, amateure des mots à tel point qu'Awena Burgess et Orit Mizrahi se permettent un "Je me souviens" péréquien pour mieux se la remémorer, Christiane Rochefort composait goulûment ses phrases et vivait dans un constant bonheur d'écriture. On ne remerciera donc jamais assez les deux complices d'avoir réveillé Christiane Rochefort de son provisoire purgatoire. Grâce à elles, on prédit qu'on retrouvera bientôt son oeuvre complète dans les librairies et les bibliothèques. Et c'est tant mieux car sa lecture vaut largement celle des modernes actuelles. |