Show musico-burlesque de Massimo Furlan et Claire de Ribaupierre, mise en scène de Massimo Fulani, avec Massimo Furlan, Dylan Monnard, Dominique Hunziker,François Cuennet, Martin Burger, Arno Cuendet, Mathieu Nuzzo, Jocelin Lipp, Mimmo Pisino, Hugo Dordor et Steve Grant. Empruntant au concept des "song contests" et, plus précisément, à l'inoxydable Concours Eurovision de la chanson, le malicieux tandem lausannois formé par l'artiste pluridisciplinaire Massimo Furlan et la dramaturge Claire de Ribaupierre a imaginé une déclinaison aussi inattendue qu'improbable en retenant certes son principe compétitif d'ampleur européenne et ses codes, notamment ceux du show télévisé avec ballet d'écrans géants et spectaculaires effets de lumières.
Mais avec une customisation d'importance pour, indiquent-ils dans leur note d'intention, "amener la pensée au coeur du divertissement" en substituant à la chanson de variété sur la thématique universelle de l'hymne à l'amour une chanson qualifiée de "philosophique" en ce qu'écrite par un éminent cerveau, philosophe, historien, anthropologue ou sociologue qui repense le monde, abordant les thèmes contemporains essentiels qui agite donc la pensée contemporaine.
Ainsi est conçu ce "Concours européen de la chanson philosophique", entreprise hardie et quasi-paradoxale implicitement basée sur le thème de l'abrutissement des masses tant par le divertissement que la pseudo-démocratisation culturelle.
Dans sa version courte, des intellectuels de dix pays argumentent sur des sujets pointus judicieusement en musique, de la pop sucrée au rock progressif, dispensée en live par un efficace combo batterie, clavier, guitare et basse qui font l'objet d'un vote "populaire" matérialisé par l'applaudimètre du public et d'un vote d'un jury de spécialistes, différent pour chaque représentation qui s'avère donc unique, qui, de plus, apportent leur éclairage analytique sur la teneur du propos de leurs confrères-auteurs avant de révéler la note attribuée. A cette novation s'ajoute une seconde qui tient à la théâtralisation de chaque chanson par l'accoutrement du concurrent qui, à l'exception de Paolo et Paola les représentants de l'Italie qui renvoient aux célèbres Romina et Al Bano habitués des festivals des années 70-80 et leur tube "Felicità", compose une jubilatoire caricature.
En relation certes avec le texte mais avec, entre autres, des références, au demeurant non anodines, cinématographique, un clone de Matrix pour la Lituanie, folkorique avec ses bergers valaisans en monstres revêtus de peaux de bête et cloche de vache à la ceinture pour la Suisse, et picturale avec la candidate pour l'Allemagne travestie en Sylvia von Harden telle que représentée avec sa robe à damiers rouges et noirs par George Grosz.
De même pour la candidate française qui, pour la partition de l'historien Philippe Artières sur les enjeux sociaux et les exclus, ressemble à une ménine velasquezienne dont la robe à panier est remplacée par un ensemble de sacs poubelle. Se glissant dans la peau de Pino Grigio, l'animateur bonimenteur décomplexé,t accompagné par Mina Mortadella, glamoureuse co-présentatrice "ad hoc", Massimo Furlan assure parfaitement la conduite de cet entertainment d'audience internationale qui met en liesse le public. Car costumés par Séverine Besson et emperruqués par Julie Monot pour interpréter tous les concurrents en chantant en langue originale du pays participant, les deux jeunes chanteurs - Dominique Hunziker et Dylan Monnard - réussissent une belle performance scénique et vocale. Donc pari réussi pour les maîtres d'oeuvre de ce percutant opus.
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