Drame d'après l'oeuvre éponyme de Heinrich von Kleist, adaptation et mise en scène de Sylvain Maurice, avec Agnès Sourdillon, Janice in the Noise, Ophélie Joh, Julieta, Dayan Korolic, Mathilde Rossignol et Paul Vignes.

On connaît l'éclectisme qui caractérise le choix des créations de Sylvain Maurice. Encore une fois, avec "Penthésilée", il va surprendre.

Ecrit par Heinrich von Kleist en 1807, ce drame conte l'affrontement mortel entre Penthésilée, la reine des Amazones, et Achille, le roi des Myrmidons venu la combattre pour que cette supposée alliée de Priam et des Troyens ne puisse tenter de briser le siège de Troie par la coalition grecque.

Sylvain Maurice a décidé de transformer la pièce qui compte 24 scènes en une espèce d''Oratorio pop" interprétée par une seule comédienne, Agnès Sourdillon, jouant tous les rôles entourée de six chanteurs et musiciens. Derrière eux, un mur vidéo.

La scène est réduite à un rectangle blanc. Agnès Sourdillon est au centre sur une latte surélevée, le plus souvent accompagnée à la basse par Dayan Korolic, compositeur de la musique du spectacle et complice habituel de Sylvain Maurice.

Quand la narration de Penthésilée décrit des batailles ou les mythiques confrontations entre Achille et la reine des Amazones, toute la troupe musicale est alors présente.

Le parti pris a été un mélange détonnant des genres : la jeule Julieta est beatboxeuse, Mathilde Rossignol chanteuse lyrique, Janice in the Noise utilise les musiques urbaines (électro, hip et trip-hop), Ophélie Joh s'inspire de la tradition soul et de Nina Simone et Paul Vignes, lui aussi beatboxeur est le second instrumentiste avec Dayan Korolic.

Le résultat est une musique fusionnelle, en rapport d'abord avec le texte et les images vidéos de Loïs Drouglazet et Antonin Bouvret qui défilent en arrière-plan.

Formant une ligne solidaire, les musiciens et l'actrice évoluent dans un écrin extrêmement travaillé. Les effets de lumière s'ajoutant à la musique, on peut saluer la beauté du spectacle de Sylvain Maurice. Peut-être un peu aux dépens de l'écoute du texte.

Peu jouée, "Penthésilée" de Kleist n'est pas assez connue par le public et la forme choisie d'une unique comédienne reprenant un texte fait pour plusieurs protagonistes crée une certaine déperdition dans sa réception.

C'est dommage, on le répète, car Sylvain Maurice a agrégé beaucoup de talents dans une mise en scène très bien pensée.