Concert "pélerinage" pour The National à la Guinguette Pirate à laquelle le groupe américain est attaché en tant que lieu de leur premier concert en France. C'est là également que nous les avions découvert en juin 2003. Et avec David Tétard en première partie.
Comme il n'est jamais trop tard pour faire son mea culpa, pour ceux qui n'apprécient pas trop la chanson française acoustique et qui ont donc zappé David Tétard première époque, ce soir trouvait l'occasion, si ce n'était déjà fait avec l'labum 12 pures chansons, de le découvrir en formation pop-rock nerveuse.
Et il faut reconnaître que les textes plein d'humour parfois caustique de David Tétard prennent une toute autre dimension avec une guitare électrique incisive, une basse affirmée et une batterie plus que nerveuse, celle de Gérard Gacoin, qui sévit également au sein du groupe de rock'n surf Vegomatic.
Son set sera un mix des titres de ses deux albums Dix Doigts ("T'arracher un cheveu", "Au bord de l'O", "Les sentiments", "Mes dix doigts", "Je ne dirai pas nan")
et 12 pures chansons ("Reste avec moi", "L'île de Ré", "Malgré mes efforts").
Deux chansons en duo avec Julie, la primeur d'une nouvelle chanson pour remonter le moral ("Le grain de beauté") et en final avec "Près du pôle Nord" et la participation d'Aaron Dressner de The national qui s'achève en déluge électrique.
Un concert de The National est toujours un moment de pur bonheur quel que soit le lieu, même à l'exigüe Guinguette Pirate où l'on ne voit pas la scène passé les deux premiers rangs surtout quand ceux qui font plus d'un mètre quatre vingt jouent des épaules pour blinder la ligne avant allant même jusqu'à monter sur des chaises (ils se reconnaîtront !).
Parce que The National est un des meilleurs groupes de rock indé du moment, un des plus doués, des plus expressifs, des plus talentueux, parce que son chanteur Matt Berninger est charismatique, parce que depuis les Tindersticks on avait guère entendu dans ce registre un groupe aussi envoutant...
Parce qu'il réussit à réunir d'excellents musiciens et un front man auteur-chanteur à la voix atypique et à l'inspiration introspective sombre, des compositions très personnelles et aisément identifiables et une qualité croissante à chaque album.
Avec 3 albums (The National, Sad songs for dirty lovers et un sublime Alligator sorti en 2005) et un EP (Cherry Tree), The National a tracé un sillon unique.
A la batterie, toujours très discret en fond de scène, Bryan Devendorf, impertubable et presque impassible délivre une rythmique imparable qui constitue l'indispensable et majestueuse ossature sur laquelle les guitares nerveuses de Bryce Dessner et Scott Devendorf et la basse ravageuse d'Aaron Dessner peuvent donner toute leur mesure.
Padma Newsome, compositeur et violoniste australien, présent sur leurs albums, les a rejoint pour les concerts et son violon, qui peut être aussi romantique que frénétique, apporte aux puissantes compositions juste les envolées nécessaires pour atteindre les cimes.
Dès lors, sur cet écrin majestueux, il ne reste plus qu'à placer le songwriting torturé et la voix bouleversante de Matt Berninger, shootée à la cigarette et à l'alcool, pour que la magie opère.
La Guinguette Pirate tangue et Matt Berninger le remarque pour la première fois parce que, dit-il, lors des concerts précédents, il était un peu ivre.
Le meilleur d'Alligator sera proposé ce soir : "Friends of mine", "The geese of beverley road", "Baby will be fine", "All the wine", "Daughters of the soho riots", de l'halluciné "Mr November" au rageur "Lit up", du mid tempo "Secret meeting" .
Magnifique ! |