Dessinateur et scénariste, Iwan Lépingle publie Une île sur la Volga, un portrait peu flatteur de Russes pas sympas dans un coin de Russie paisible. Ni bleus, ni verts, l’album est tout de couleurs chaudes, faisant de cette douceur un contraste avec le propos.
Gala va passer quelques jours chez son fils Maksim, dans le joli coin de nature isolé le long de la Volga qu’il a choisi pour son retour à la terre. Entre cultures et bricolages, sa vie pourrait être sereine si la Volga n’était pas en Russie. Préjugés, nous voilà.
Parce que le souci avec les Russes de cette zone (et très certainement des autres zones), c’est qu’ils aiment trop l’argent pour que leurs propositions soient honnêtes. Et Maksim n’a pas été oublié par les bandits locaux qui lui proposent de manière tout à fait anodine une protection contre salaire.
Il est évident que l’arrangement proposé ne convient pas au jeune moscovite ni à sa femme, mais puisque c’est ainsi que le pays tourne, ils donnent leur consentement, puisqu’il n’est pas raisonnable de refuser ce type de collaboration. Et puis s’ils se lancent dans la culture bio, il leur faudra bien des soutiens, alors pourquoi pas ceux-là. Et puis si c’est le seul moyen d’être tranquille, c’est un sacrifice à faire pour élever leur fils dans la quiétude d’un espace non pollué par les citadins. Les arguments sont nombreux pour ne pas lutter. Surtout quand on est seul, petit et vulnérable face à la grosse machine de taxes aussi douteuses soient-elles.
Ce n’est pas l’avis de Gala, qui oppose un farouche refus aux mafieux. Deux ados à la dérive sont chargés d’effrayer la famille à grands coups de vaisselle cassée, de pots renversés, de plantations saccagées et de pneus crevés. Les petits génies cupides décident même d’enlever Gala contre rançon. Mais on ne double pas si facilement les experts de la corruption.
Une bande dessinée réaliste qui vous donnera peut-être envie de vous battre pour quelque chose qui en vaille la peine, vraiment. |