Le foehn désigne un vent de la région des Alpes germanophones ; vent qui peut faire monter la température de plus de 10°C sur un intervalle de quelques minutes. Et bien c’est clairement ce qu’on a ressenti à l’écoute des 51 minutes qui composent ce très beau disque.

Trois ans après Magnésie enregistré à la Maison des Artistes tenue par André Manoukian, Christophe Waldner (claviers et piano), Cyril Billot (contrebasse, synthé basse) et Kévin Borqué (batterie et pads) sont de retour avec ce nouveau disque intitulé Highlines. Ce trio jazz pratique un mélange d’instruments acoustiques et de sonorités électroniques, en enrichissant leur orchestration avec rhodes ou synthétiseurs. Le résultat est savoureux avec des compositions à la fois aériennes et rythmées. On pense évidemment aux suédois d’E.S.T ou plus récemment aux anglais de Go Go Penguin.

L’album s’ouvre par "Wolves" avec quelques notes de piano, de légères nappes synthétiques et de soudaines envolées. On comprend immédiatement qu’on va écouter un très bon disque. Cela se confirme dès "La Barma", son rythme presque funky et sa petite ritournelle addictive sur la fin. On pense au trio de Minneapolis The Bad Plus et à ses sonorités aventureuses. Ici, l’exploration ne se fait pas vers les sonorités rocks mais plutôt vers l’électro. C’est le cas particulièrement sur "Freeride" et sa communication batterie/synthé ou sur le très délicat "Camera Obscura".

Foehn Trio est donc un groupe audacieux. Il suffit pour s’en convaincre d’écouter leur adaptation ultra moderne de la célèbre Gnossienne No.1 d'Erik Satie, premier single de l'album. On relève aussi la présence de deux invités amateurs de voyages musicaux : le flûtiste Joce Miennel sur "Danse pour Gaïa" et le grand trompettiste Erik Truffaz sur le magnifique "Old Ocean".

Cet album n’a vraiment rien à envier aux plus grands. Un superbe voyage surtout en ces temps de confinement.