Ce début d'année marque le retour des rois du sample qui tue et arrache la tête dans tous les sens.
Pionniers de la techno, née des cendres de la faisandée de "dance music" dans la marmite de laquelle ont trempé pléiade de groupes mancuniens, dont les fameux New Order, les deux fondateurs du label Ninja Tune reviennent dans une forme éblouissante qui ravira tous les fans du genre et étonnera les autres. Remisant au garage les échantillonnages sauvages – leur hit More beats and pieces en contenait plus d'une demie douzaine, soit environ un toutes les trente secondes – les programmeurs et DJs géniaux de Coldcut invitent depuis quelques années des amis toujours plus prestigieux et, sur Sound mirrors, ils sont légion.
Indéniablement hit de l'album, le titre d'ouverture "Everything is under control" accueille l'énervant mais non moins captivant bluesman Jon Spencer pour un rock crade, entêtant, sorte de classique bouclé sous perfusion d'acide, qui rentre dans la tête pour ne plus en sortir.
Le ton se calme ensuite, avec des titres lorgnant vers le folk ou l'électronica, flirtant parfois avec des ambiances à la Depeche Mode.
L'autre grand moment de cet album est incontestablement la performance de Saul Williams, le rappeur punk-industriel, parfaitement à son aise avec le sur mesure confectionné par les Coldcut.
Se succèdent ensuite titres atmosphériques, mêlant une world musique légèrement agrémentée de relents jazzy ou r'n'b envoûtants, berçant, réconfortant l'auditeur, immédiatement surpris par des beats puissants ou une techno rêche.
Bref, il y a plein de monde et un tas de couleurs différentes sur ce Sound Mirrors, vrai-faux reflet d'une époque. En fait, les Coldcut absorbent et digèrent d'une façon absolument personnelle –ce qui est logique- tous les courants du moment pour en faire une synthèse unique, fruit d'une longue expérience et d'un savoir-faire exceptionnel.
Sound Mirrors, parfois désappointant par sa variété, est un grand disque, de ceux qui filent des frissons dans le dos quand on s'y attend le moins et qu'on ressort des années plus tard. |