Voilà un petit livre bien coloré et sans prétention qui nous offre une leçon de cuisine, de générosité et d’hospitalité autour d’une auteure toute droit venue d’Inde qui ravive nos papilles. A l’édition, toujours les récentes éditions Delcourt qui ont à cœur de nous proposer un programme éclectique toujours de qualité, avec des auteures venant du monde entier.
Il n’existe pas meilleur lieu propice à la conversation qu’une table dressée pour un dîner entre amis. On y parle de soi, on y parle du monde, de politique, de culture et aussi de cuisine. Nous arrivons tous au monde tels des invités pour devenir plus tard un hôte. Ce basculement inévitable du statut d’invité à celui d’hôte est le signe de la maturité.
Avec son ouvrage, Priya Brasil nous fait réfléchir avec intelligence sur ce que signifie être un hôte, un invité ou un étranger. Elle nous invite à sa table pour méditer de façon singulière et personnelle sur le sens de l’hospitalité envers les siens et les autres, dans un monde où certains possèdent tout encore plus quand d’autres n’ont rien ou pas grand-chose, où les migrants et les réfugiés sont à la fois les bienvenus et vilipendés.
Elle nous explique aussi que nous prenons de moins en moins de temps à manger et cuisiner ensemble. La manière dont nous cuisinons et partageons nos repas est l’une des façons les plus tangibles et les plus simples de mesurer notre générosité au quotidien.
Pour nous faire réfléchir sur tout ça, l’auteure a pris soin d’entremêler son histoire personnelle tout en apportant les points de vue d’éminents intellectuels comme Derrida, Platon, Arendt et Peter Singer. Cela rend la lecture fluide et passionnante car ce qu’elle nous raconte d’elle de son héritage sikh, de ses années passées au Kenya, en Inde, en Angleterre et en Allemagne s’accorde parfaitement avec les écrits ou les passages tirés des œuvres des philosophes.
Savoureux, subtil et raffiné, ce petit ouvrage est comme un petit guide qui nous invite à développer une sagesse sociale à l’égard des autres. C’est aussi une véritable leçon de partage qu’elle nous propose, qui prend sens dans notre période qui voit de nombreux migrants arriver en Europe. Elle nous montre aussi les différentes pratiques culinaires existants de par le monde, que cela soit pour cuisiner, pour servir ou recevoir. Et enfin, elle nous donne terriblement envie de déguster le célèbre khadi, plat traditionnel indien que lui préparait sa mère.
Alors voilà, n’hésitez pas à vous procurer cette petite gourmandise d’une grande intelligence qui nous fait réfléchir sur l’hospitalité et le monde qui nous entoure. |