Tu rabo par'abanico
(Les Disques du Festival Permanent / Le Saule) avril 2020
"Tomad, perros, la borrega, sana y buena como estaba.
No queremos la borrega, de tu boca alobadada".
Doit-on faire œuvre de transmission du répertoire traditionnel et ancestral avec une interprétation la plus proche possible du texte ou doit-on l’emmener vers un ailleurs, vers de nouvelles esthétiques ?
Marion Cousin (Borja Flames, June et Jim) apporte sa réponse après s'être lancée dans un travail de recherche de répertoire sur les chants de travail et les romances de la péninsule ibérique.
En 2016, elle sort un premier disque Jo estava que m'abrasava chez Les Disques du Festival Permanent / Le Saule, où elle instaure avec le violoncelliste Gaspar Claus un dialogue vibrant entre l’ancien et le moderne.
Ce dialogue entre l’ancien et le moderne (peut-être plus moderne encore que dans le disque précédent) est une nouvelle fois, au cœur de ce disque. Un disque cette fois enregistré avec Kaumwald, groupe formé par Clément Vercelletto et Ernest Bergez. Une rencontre musicale qui n’a rien d’une surprise quand on connaît l’esthétique aventureuse du duo électronique.
Ensemble, dans une relation forte, ils partent vers la région de l’Estrémadure, agissent en interaction avec une véritable notion de partage, manipulent, imaginent, élaborent, modifient les textures, les sons et les rythmes. Kaumwald prend une liberté sans jamais dénaturer le propos premier. Il colle, habille en contrepoint, avec subtilité ces chants de nouveaux arrangements organiques, reconstruit de nouvelles architectures, avec de nouvelles dynamiques et de nouveaux timbres (transformant parfois des sons d’instruments traditionnels). Des ritournelles aux paroles souvent dures où il est question d’histoires de violences, d’abandon ("Griselda"), d’inceste ("Delgadina"), mais aussi d’amour ("La Bastarda y el sagador"). Le titre Tu rabo par'abanico (ta queue pour éventail) est un vers provenant du texte de "La loba parda", louve brune dont la queue en panache servira d’éventail pour le berger qui l’a capturé.
La litanie lancinante, obsédante, du chant, on sent également clairement le plaisir de chanter, suscite tout un environnement, de nouvelles lignes mélodiques et sonores, de nouveaux phrasés. Une transversalité, un disque totalement envoûtant !
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