Après nous avoir régalés dans un programme Ravel (Rapsodie espagnole, Tzigane, Shéhérazade... Ravel l’exotique sorti chez Klarthe), l’ensemble Musica Nigella (Anne-Cécile Cuniot à la flûte, Boris Blanco et Sandrine Naudy aux violons, Laurent Camatte à l’alto, Annabelle Brey au violoncelle et Marie Normant à la harpe) emmené par Takénori Némoto (direction musicale et arrangements) et accompagné par la mezzo-soprano Eléonore Pancrazi, par la soprano Louise Pingeot, par le violoniste Pablo Schatzman et par le pianiste Jean-Michel Dayez, revient avec un répertoire dédié au compositeur Français Ernest Chausson (1855-1899).
C’est plus particulièrement à l’homme d’une grande culture, lui qui fréquenta les cercles littéraires et artistiques, notamment le salon de Madame Saint-Cyr de Rayssac, que la littérature et la poésie inspirèrent et nourrirent : de Maurice Bouchor à Charles Cros en passant par Shakespeare, Ivan Sergueïevitch Tourgueniev ou Charles Marie René Leconte de Lisle que l’ensemble s’intéresse aux trois œuvres : Chanson perpétuelle Op. 37, La Tempête Op. 18 et le Concert Op. 21 (1891).
La Chanson perpétuelle, sur le poème "Nocturne" de Charles Cros datant de 1898 est la dernière œuvre achevée de Chausson. Plusieurs versions existent : voix et piano, voix et orchestre mais celle retenue ici est celle pour voix, quatuor à cordes et piano. Le texte poignant, entre amours passés, tourments et mort est magnifiquement mis en musique par Chausson.
On retrouve le raffinement et l’intensité de son écriture dans l’éclatante Tempête, musique de scène sur la pièce de Shakespeare traduite par Maurice Bouchor et composée en 1888. C’est à un véritable travail de reconstitution auquel s’est attelé Takénori Némoto. Parti à la recherche de l’arrangement d’une partie de cette œuvre pour voix, flûte, violon, alto, violoncelle, harpe et célesta par le compositeur, ne trouvant que la version, réduction pour voix et piano publiée en 1905 et les copies de deux manuscrits : la version symphonique complète avec quelques parties séparées et la réduction pour piano, se trouvant à la Bibliothèque Nationale de France, Némoto a totalement reconstitué cet arrangement disparu.
Pour terminer, on retrouve le superbe et célèbre (et célébré) concert pour violon, piano et quatuor à cordes écrit en 1891 pour le violoniste belge Eugène Ysaÿe, quintessence d’une riche écriture, cet équilibre entre tensions harmoniques, dramaturgie et lignes mélodiques dialoguant, se juxtaposant, se combinant, se répétant, le rapprochant à la fois de Franck et de Wagner et ici avec dans l’orchestration des réminiscences du baroque Français.
L’interprétation de l’ensemble des musiciens met en valeur avec virtuosité toutes les expressions, le lyrisme de cet éminent compositeur. Putain de vélo...
De la musique, des spectacles, des livres. Aucune raison de s'ennuyer cette semaine encore. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.