Il fait bon être belge par les temps qui courent. De surprises en extases, on découvre progressivement l'immensité de ce petit pays.
Musicalement j'entends. Coincé entre Ghinzu et dEUS, Half Asleep et Ann Pierlé. Et ce soir Ozark Henry. On est presque déçu, en un sens, que la salle se remplisse et que le monde afflue, tant l'écoute de Sailor not the sea nous aurait fait croire que Piet Goddaer ne chantait que pour nous, l'auditeur transi par la lumière intimiste de ses compositions.
Comble du bonheur, pas de première partie ; de quoi se dire que ce soir Ozark Henry est seul avec nous, près des enceintes. Prêt à déclarer les hostilités pacifistes d'un quatrième album salué par la presse.
Si les titres du dernier opus ne dénotent nullement avec les anciens ("Word up" et sa touche gospel…), les ambiances elles restent uniques. Il faut à ce stade parler d'ambiance et d'atmosphère, non de musique, tant Piet Goddaer parvient par sa voix à enchanter, au sens littéral du terme.
Sosie de Jay Jay Johanson, ressemblance avec Chris Martin – pour ses intonations vocales -, Piet reste loin des contrefaçons. Et entame "Jocelyn it's crazy" et "Vespertine" comme des classiques, derrière son clavier et droit comme un i. Point de show à l'anglaise, on parle musique là, seules les mélodies s'échappent de la scène, comme sur "Indian Summer", le slow hivernal qui turbine sec. Ses claviers, son refrain…
On pense à Coldplay, Brian Eno, on pense surtout à Piet Goddaer, sobre comme un alcoolique belge, droit dans ses bottes, à la hauteur de sa voix entendue sur disque.
La foule, assise en tailleur, est étonnamment réceptive à la redécouverte des précédents albums comme Birthmarks, preuve que les bons titres comme "Rescue" n'ont pas besoin de marteler les ondes pour se faire un nom.
Soutenu par un groupe solide quoi que belge (sic), des requins de studio flamands (re-sic) à la quarantaine bedonnante, Piet assure. Piet confirme le bien qu'on pense de lui.
Comme si l'on pouvait encore en 2005 être capable des meilleurs arrangements et bidouillages sur un clavier et malgré tout captiver un salle grâce à des chansons anglo-saxonnes chantées par un belge qui lorgne du coté de l'Allemagne.
|