Pendant longtemps l'Ensemble Plumes, à la croisée du classique et de la pop, semble avoir nagé librement loin des courants de la musique mainstream du siècle en cours. Centré autour du couple formé par Veronica Charnley, auteure compositrice et interprète, et de Geof Holbrook, compositeur, qui oeuvraient auparavant sous le nom de Flotilla, cet ensemble de chambre amplifié, à la géométrie variable composé d'une demie-douzaine de membres, avait déjà sorti deux albums, mélange de créations et de re-créations (Béla Bartók, Luciano Berio...).
Avec Oh Orwell, le groupe bascule indéniablement du côté pop de la force. Les compositions se révèlent d'entrée éclatantes et chatoyantes, accompagnements pour la voix puissante et claire de Veronica Charnley. La production s'enrichit de touches synthétiques qui s'immicent aux côtés des instruments classiques qu'utilisait le groupe (alto, harpe, trombone, cor...).
La cohérence du disque n'empêche pas le groupe de s'aventurer sur des rivages aux reliefs et aux atmosphères très différents et très riches. Les textes de Veronica Charnley, poétiques mais dénués d'emphase, sont servis par une voix parfaitement contrôlée, expressive et intelligemment mise en avant.
Une des autres réussites du disque réside dans l'ordre des chansons. Dans un premier temps, l'enchaînement des compositions les plus pop ("Seaweed", "Love and overlooking the fire hazard"...) entraîne l'auditeur, avant que celui-ci ne se trouve confronté aux ruptures de rythmes plus exigeantes de "Stray Dog De France" et de "Oh Orwell", avant de terminer en douceur.
On conseillera ce disque aux amateurs de The Divine Comedy ou d'Ane Brun. Oh Orwell s'écoute et se réécoute sans lassitude aucune, gage de qualité d'un disque dont on sait, à l'instar d'un grand cru, qu'il vieillira de belle manière, et que vous auriez bien tort de laisser à la cave.
De la musique, des spectacles, des livres. Aucune raison de s'ennuyer cette semaine encore. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.