Depuis le pied de l'immeuble, en contrebas, d'où gronde tout bas la rumeur, on aperçoit dans les étages, une fenêtre. Une modeste lumière s'en échappe. Qui n'éclaire que ce qu'elle désire, ce qui échappe aux mortels. Cette lumière vive comme un soleil au milieu d'un œil torve, habille de ses beaux jupons, la belle âme qui évolue. Posés là, quelques vestiges de vies croisées, volées et abîmées.
Thomas Bel nous conte alors, comme toujours sur le magnifique label Titania Tapes, les non-dits, les ombres au travers, les tissus aux fenêtres par trop déchus. Il faut alors tout son courage pour explorer l'intérieur, vibrant d'absence et en silence, les murs porteurs de décennies passées à se décrépir, d'où a autrefois émané trop de beauté. Tout se croise donc, les bruits comme extérieur, aux sons particuliers. Un battement de coeur, de cil, d'aile et, d'autorité, se loge une émotion de proximité, comme éthérée.
Il y a dans cette folk évaporée, ce drone chuchoté, cette voix caverneuse ces mouvements tous comptés. Et un à un, ils viennent vous bousculer. Ce troisième volet au titre singulier, Cerna Vez vient au pied de l'immeuble vous chercher, vous monte dans les étages à vous combler, et vous installe au fond d'un canapé. Un brin de poussière, ici, une toile d'araignée, comme depuis toujours abandonnées, ces pièces tendent à prouver que plus l'espace est vide ou inexploré, et plus nous sommes prompts à l'occuper.
La musique de Thomas Bel, sublime d'un bout à l'autre, s'accapare les lieux pourtant fermés, non pas pour les rénover, mais pour les admirer, les respecter, les sublimer. En somme, le travail de Thomas Bel et du label Titania Tapes en général, fait ce pourquoi nous sommes faits : le silence, la vie, les âmes, belles ou âpres… tout cela contempler. Les sorties régulières et singulières du label, exclusivement dédiées au format cassette, donnent envie de les suivre à la minute où de leur tanière elles s'extirpent, pour enfin venir quelque part en vous se réfugier.
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