On parle aussi des éditions Paulsen en cette rentrée littéraire avec un ouvrage écrit par Bernard Chambaz, intitulé Hourra l’Oural encore. Bernard Chambaz est romancier et historien, amateur de cyclisme et de foot. Auteur de nombreux romans et essais, prix Goncourt du premier roman en 1997, son dernier ouvrage était consacré à l’un de ses sujets de prédilection, un certain Jack London.
Pour son dernier ouvrage, l’auteur nous propose un récit de voyage et évidemment il semblait évident que cela soit les éditions Paulsen qui l’édite, celles-ci s’étant plutôt spécialisées dans ce type de récit. Alors voilà, Bernard Chambaz a suivi les conseils de Gogol qui disait "Pour voir ce qu’est la Russie d’aujourd’hui, il faut absolument y voyager soi-même."
Alors il est parti, l’hiver en train, l’été en car, il a parcouru l’Oural du Sud au Nord, ce territoire situé entre les capitales de l’ouest et l’immensité transsibérienne, frontière entre l’Europe et l’Asie, un territoire encore méconnu.
Ce voyage, il l’explique par son amour de la Russie et son peuple, mais aussi à la puissance des livres. Parmi eux, il y a le recueil oublié et décapant d’Aragon, Hourra l’Oural (qui a inspiré le titre du livre), l’ombre de Pasternak et du docteur Jivago mais aussi l’ombre plus noire de Chamalov et du goulag.
L’auteur va nous montrer que les statues de Lénine n’ont pas toutes été déboulonnées, loin de là, et que si on a pu évoquer la fin de l’homme rouge, l’Homo Soviéticus tend à devenir pour les jeunes générations un objet, sinon un folklore.
Dans ce récit de voyage peu ordinaire, le lecteur va croiser des météorites, suivre une enquête sur la disparition étrange de géologues il y a cinquante ans. Il va découvrir un jeune Eltsine explorateur sans peur, échapper à un accident d’avion, voir des camions rouler sur la Kama gelée, visiter le camp Perm-36 et le monastère de Verkhotourié, sillonner Ekaterinbourg sur les traces des Romanov, découvrir Tcheliabinsk et son formidable musée de tracteurs à défaut de la centrale nucléaire de Majak. Pour finir, Bernard Chambaz nous permet aussi d’admirer sous un ciel gris et déjà froid la modernité de la capitale BachKire.
Lire un livre de voyage est toujours agréable et celui que nous propose Bernard Chambaz ne déroge pas à la règle. Ici le voyage est d’autant plus plaisant qu’il ne se limite pas à une dimension géographique, nous emmenant aussi dans l’histoire et la culture de cet immense pays qui a la taille d’un continent.
Ce qu’il nous raconte est très souvent passionnant, on s’arrête sur un monument dont il nous décrit l’histoire, on sent très vite que l’auteur connaît très bien la culture du pays qu’il visite et qu’il cherche à nous en faire profiter le plus possible. En même temps, il nous montre aussi dans son ouvrage la situation compliquée des populations russes qui vivent loin des grandes villes, les conséquences de la chute du communisme dans ces régions en grandes difficultés sociales et économiques.
Alors voilà Hourra l’Oural encore est un bon livre qui a permis au lecteur de voyager et de visiter les contrées d’un pays que je ne connais pas, d’en apprendre beaucoup sur la culture russe, le tout au travers de la très belle plume de Bernard Chambaz. C’est au final toujours un véritable plaisir que de s’évader aux côtés des éditions Paulsen et cela commence à devenir une bien belle habitude. |