"... Comme de longs échos qui de loin se confondent... Les parfums, les couleurs et les sons se répondent." Baudelaire.

"Trop d’hymen souhaité de qui cherche le la" Mallarmé

Faune est le premier disque du batteur et compositeur Raphaël Pannier. Un premier disque mais déjà du caractère et surtout un son. Un son qui trahit la double culture de son auteur, d’un côté le jazz et de l’autre la musique "classique" et plus particulièrement le modernisme français. Son titre : Faune est une référence à Mallarmé et Debussy. Loin d’être un frein, ou un handicap cette double-culture est la promesse, tenue, d’une belle musique. Mais l’on sait bien que ces deux styles sont solubles l’un avec l’autre !

Pour jouer avec lui : le saxophoniste Miguel Zenon, qui s’occupe également de la direction musicale, le contrebassiste François Moutin et deux pianistes, un jazz : Aaron Goldberg et l’autre "classique" Giorgi Mikadze.

Nous trouvons beaucoup de subtilité et de sophistication dans cette musique, de la virtuosité aussi. Les modes de jeu, les énergies, les couleurs, les textures, les styles s’interpénètrent et Raphaël Pannier se réalise à travers le choix savant des timbres musicaux. Il faut le signaler il fait partie des batteurs / compositeurs qui ne sont pas dans le tout démonstratif. L’ensemble joue pour la musique et les autres musiciens ne servent absolument pas de faire-valoir au batteur.

Faune s’articule entre titres originaux et reprises : "Lonely Woman" d’Ornette Coleman, "E.S.P." de Wayne Shorter, "Capricho de Raphaël" d’Hamilton de Holanda mais aussi "Forlane" de Ravel, extrait du Tombeau de Couperin, et "Le baiser de l’enfant Jésus" d’Olivier Messiaen. Deux reprises qui sortent de l’ordinaire, notamment à cause de la partie de batterie naturellement, et qui sont le marqueur des choix esthétiques, résolument pertinents de Raphaël Pannier.

Un premier coup mais déjà un coup de maître...