Pièce chorégraphique conçue par Ondine Cloez avec la collaboration artistique et musicale d'Anne Lenglet et Clémence Galliard Vic et de Marine Bestel à la dramaturgie, avec Ondine Cloez, Anne Lenglet, et Clémence Galliard.

Sur scène, trois filles habillées comme l'as de pique : une petite en short, une grande sans traits particuliers et une moyenne à lunettes. Cette dernière est Ondine Cloez. Elle est estampillée chorégraphe et ne le prouve jamais dans "L'art de conserver la santé".

Avec ses deux camarades, Clémence Galliard et Anne Lenglet, elles ne vont, en effet, que chanter a capella, ou plutôt chantonner a capella, des textes tirés d'un recueil sorti d'un vieux grimoire d'herboriste et qui explique comment utiliser les plantes pour se maintenir en forme.

On n'est donc ni dans un spectacle de danse ni dans une représentation théâtrale. Ondine Cloez à la tête de son trio de malicieuses pince-sans-rire invente l'équivalent du "easy listening" en chanson, c'est-à-dire s'approprie une scène pour volontairement n'en rien faire sinon amuser en toute innocence un public acquis d'emblée à sa cause.

Comme dans toute les autres formes d'art contemporain, ce qu'elle propose est d'abord simplement ludique. On pourrait dit qu'ici le "gentillet" est une vertu et qu'il s'agit de ne jamais l'oublier en faisant constamment assaut de niaiseries musicales.

Ondine connaît sans doute Philippe Katerine et la recette du cake d'amour de Peau d'Âne. Dans un peu connu film pour la télévision scolaire, intitulé "Jeux de société", Eric Rohmer décrivait ce qui amusait les jeune filles modèles à travers les siècles. On imagine bien que lui aussi eût utilisé "l'art de conserver la santé" pour montrer ce qu'on pouvait chanter dans les milieux supérieurs pour suppléer l'absence de smartphone et de jeux vidéos.

Pendant une belle heure, les trois murmureuses vont s'efforcer d'énumérer tous les végétaux que la terre peut porter... Et, miracle ! Elles y parviennent ! Et cela, le plus souvent, en deux ou trois vers, parfois même en quatrains. Tous rimés astucieusement et mirlitonesquement...

Qu'en pense le public ? Il semble prévenu et convaincu, trouvant les procédés aussi distrayants que charmants. On lui donnera en partie raison pendant le spectacle car on pourra s'irriter de ne pas avoir le temps de noter tous les bons conseils énoncés... Mais le ronchon aura le droit à une ultime surprise, qu'on ne dira pas, avec laquelle Ondine Cloez lu coupera la chique.

Avec son adaptation minimaliste d'un texte improbable, Ondine Cloez n'est pas loin d'inventer un nouveau type de spectacle. On sera curieux de savoir si elle peut, hors festival d'automne, avoir un "vrai" public et si, elle, ou quelqu'un d'autre, attirera de nouveaux spectateurs en renouvelant l'expérience avec des textes d'un genre voisin.