Des disques comme des femmes il est souvent question de coup de foudre. Au premier coup d'œil, la première écoute, le moindre mot, la première note. Et The Double, en un sens, est à l'opposé du ""love at first sight".
On se demande au premier abord ce que cette bande de New-yorkais, qu'on imagine volontiers étudiants trentenaires binoclards en architecture moderne, pourrait bien avoir à raconter. Le raconter comment, où, et avec quelles guitares. Et cette voix si particulière flirtant avec l'insupportable…
Bref, on déballe l'objet, on enlève le cellophane, et l'on tombe sur un rock américain expérimental, loin des sentiers battus. Le genre de sentiers déblayés par Clem Snide, The Devastations ou Idaho. Loose in the air est un beau troisième album, entre guitares distordues et claviers jouant des ritournelles intemporelles.
Une voix atypique évitant les refrains faciles ("Idiocy"), des new-yorkais avec l'espoir de chansons nouvelles. De Brooklyn plus précisément. Oh pas de Brooklyn boogie monsieur, non non… Du rock nouvelle tendance hypnotisant avec ses orgues très Manzarek, à la croisée des 60' et des 90' . Moderne et vintage peut être.
Une lente descente dans le spleen s'amorce au fil des titres. Des débuts positifs de "Up all night" à "On your way", il y a tout un monde. Un fossé entre la vie et l'inspiration morbide, tellement plus belle que les refrains enjoués. De grands moments de rock apocalyptique joués comme une messe funèbre. Difficile de passer en avance rapide tant les morceaux semblent s'écouter d'un trait, comme de petites pièces montées pour les dimanches pluvieux. "Hot air" et sa longue montée explosive, rappelant les Doors comme aucun autre groupe…
Des guitares fuzz baisant un orgue humide. Voila le pitch d'un groupe qui pourra on l'espère faire parler de lui dans les semaines à venir. Si nous ne sommes pas morts d'ici là.
On écoutera le final lumineux de "Busty Beasty" pour se maintenir en vie. |