Seul en scène écrit par Benoît Lambert et Emmanuel Vérité et interprété par Emmanuel Vérité.

Racontez moi "Tout Dostoïevski"... vous avez une heure. Telle est la gageure d'Emmanuel Vérité, seul en scène, qui dans la peau de Charles Courtois Pasteur, alias Charlie, entreprend de nous narrer de fond en comble mais surtout de travers, l'oeuvre du grand dramaturge russe.

Ou plutôt deux de ses œuvres, mais pas des moindres, puisqu'il s'attèle à "Crime et châtiment" (crime sans s et châtiment sans s également, c'est important) dans un opus policier à la Colombo aussi haletant qu'hilarant, avant de narrer tout "Les frères Karamazov" en version condensée grâce à de petits bonhommes en liège. Humour, vodka, fleurs en coton, poésie et chemise à fleur seront bien sûr de la partie.

S'il est question de Dostoïevski tout au long du spectacle, c'est presque pour la forme, car la star de ce one man show sous lexomil imaginé et co-écrit par Benoît Lambert et Emmanuel Vérité, c'est bien Charlie, à la fois personnage principal, narrateur et monsieur loyal en charge du bien être de ses chers spectateurs qu'il n'hésite pas d'ailleurs à (sur)solliciter.

Charlie, le dépressif aux chemises hawaïennes sous ses airs d'enfant triste et malicieux, le looser flamboyant incapable de prononcer le mot "épsilepsie" (et on apprend d'ailleurs au passage que Dostoïevski l'était... "épsilepsique"!) mais qui vous joue des passages entiers et sans hésitation des dialogues entre IIlioucha et son père et manie la hache avec une troublante détermination.

Charles Courtois Pasteur, personnage haut en couleur, mélange du chanteur Renault, poète aviné mais percutant, et de l'acteur Bourville, qui travaille sa manière crédible de dire toute vérité sans pouvoir être pris au sérieux.

Dans ce récit déconstruit et qui ne va nulle part, où les néophytes grapilleront quelques anecdotes sur Fiodor Dostoievsky et Peter Falk tout en revisitant le générique des mystères de l'ouest, Benoit Lambert et Emmanuel Vérité abordent, sous leurs airs de ne pas y toucher, les affres de la création et du génie créatif sous toutes ses formes et débunkent allègrement le mythe que la littérature dite classique ne serait accessible qu'à une élite érudite.

Au final donc, un spectacle plus léger que son titre ne le promet et plus profond que son personnage principal ne le laisserai présager.