Vous n'entendrez pas Al Pride sur les fréquences françaises. Du moins sur les principales stations FM qui déversent éhontément des tombereaux de merde dans les portugaises de leurs auditeurs. Peut-être FIP ? Et encore, est-il possible de rester éveillé plus de 20 minutes à l'écoute de FIP Rock sans une surdose de caféine ?
Vous avez heureusement plus de chance d’entendre Al Pride lors du tunnel musical qui remplace (souvent avantageusement) les émissions du groupe Radio France pendant les grèves (la prochaine arrive. Elle arrive toujours). Al Pride qui viendrait se substituer aux salmigondis du "père la morale" Nagui ? Il n'est pas interdit de rêver.
C'est même fortement recommandé en ces temps de grisaille culturelle où il est plus aisé d'acheter une débroussailleuse qu'un livre ou un disque. Disons le tout net, c'est incroyablement rassérénant de découvrir un groupe qui JOUE de la musique. Qui va même jusqu'à la composer... Et qui écrit aussi ses textes. Tout seul. Enfin en meute, car ils sont nombreux les bougres. Ça augure d'un joli bordel en phase d'écriture. Et Dieu sait que l'on souhaiterait être au milieu de cette jolie mêlée d’esthètes.
Chez Al Pride, chaque chanson chaloupe, caresse le tympan. Les rythmiques sont imparables ; tantôt joueuses, tantôt cajolantes. Guitares, claviers, cuivres, tout est à l'avenant. Le chant mélange, superpose, et enchevêtre voix féminine et masculine. Sans jamais tomber dans l’artificialité ou le déséquilibre. Rien n'est de mauvais goût dans ces titres.
On est embarqué sur "Sweet Roller" pour 6 minutes qui en paraissent 3, puis touché par la sensualité de "Sober By Tomorrow". Arrive alors le tubesque "Hunger" et (on ne répétera plus) sa couleur Arcade Fire toute en finesse.
Extraire quelques titres est une gageure tant tout est d'un niveau de qualité exceptionnel. Jamais de redite, et une vraie cohésion d'ensemble. Un univers musical comme on en rencontre que rarement.
Si le monde est bien fait, Al Pride rencontrera le succès commercial et c'est tout ce que l'on souhaite à cette époque qui promeut trop souvent la médiocrité. Le succès artistique Al Pride l'a déjà gagné et saura l'entretenir avec toute l'exigence que l'on devine chez les membres de ce groupe.
A la question "faut il acheter cet album ?" Si la réponse ne vous semble pas claire à la lecture de cette chronique, vous pouvez retourner écouter le dernier Coldplay dans l’ascenseur qui vous plaira.
De la musique, des spectacles, des livres. Aucune raison de s'ennuyer cette semaine encore. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.