Encore un bel ouvrage collectif que celui proposé par les éditions Belin qui aborde les grandes batailles des histoires nationales européennes. Pour nous offrir ce très beau livre, ce n’est pas moins de 18 historiens qui se sont réunis sous la direction d’Isabelle Davion et de Béatrice Heuser.
Ce n’est pas moins de vingt batailles qui sont expliquées et analysées avec talent, dans un ordre chronologique de la bataille de marathon à celle de Stalingrad. Certaines sont évidemment très connues comme celles de Waterloo, de Marignan ou d’Alésia quand d’autres le sont beaucoup moins comme Kosovo Polje, Mohacs ou Culloden.
Au Panthéon des batailles, certaines sont devenues de véritables lieux de mémoire européenne, soulignant que le fait guerrier est la chose la mieux partagée de notre continent. Cependant, seuls quelques affrontements ont acquis une dimension véritablement mythique. Dès lors, du champ de bataille encore fumant puis des arts et jusqu’aux manuels scolaires, jaillissent emblèmes et légendes. Ces interprétations de l’évènement historique viennent nourrir un récit national et un imaginaire.
C’est donc au fil des pages de cet ouvrage que se révèlent deux mille ans d’histoire du continent européen. Après le récit des combats, les différents auteurs, des spécialistes internationaux reconnus, identifient les enjeux (religieux, culturels, politiques ou encore stratégiques) de batailles qui sont restées jusqu’à nos jours des monuments de l’histoire européenne.
En plus d’un contenu passionnant, l’ouvrage nous offre un papier épais de belle qualité, un complément iconographique de belle facture qui vient éclairer les propos des auteurs. L’ouvrage est l’occasion de remettre la bataille de Cannes dans son contexte géopolitique et militaire, montrant ensuite une bataille emblématique. Alésia est présentée comme une victoire douteuse de César, lieu d’un siège mémorable mais aussi un récit biaisé par César.
J’ai beaucoup apprécié le chapitre consacré à la bataille de Teutobourg qui vit s’affronter trois légions romaines et des guerriers germains dans une forêt. Les batailles de Poitiers et celle de Bouvines me sont naturellement plus connues, elles m’ont donc moins intéressées même si le récit fait par les deux auteurs reste d’une qualité indéniable pour ceux qui ne connaitraient pas ces deux évènements majeurs de l’histoire de France.
Pour la bataille de Courtrai, l’ouvrage nous montre qu’elle continue d’être un sujet de controverse parmi les historiens militaires. La mémoire autour de la bataille de Marignan fait l’objet d’un beau chapitre. Je ne connaissais pas la bataille de Gulloden et son mythe de la défaite romantique. C’est aussi le cas pour la bataille de Raclawice, bataille importante dans la construction de la nation polonaise.
Alors voilà, les autres batailles racontées et analysées sont toutes autant pertinentes les unes que les autres. L’ouvrage est vraiment excellent car il nous apporte de superbes analyses de ces batailles. Très pertinent pour une utilisation pédagogique, je n’hésiterai pas à aller piocher quelques documents dedans pour mes cours. |