Encore un nouveau voyage pour moi au gré des éditions Marchialy que je découvre avec plaisir autour de cette troisième publication que j’ai pu avoir entre les mains. Encore une fois, les éditions Marchialy se démarquent par leurs publications soignées, une belle qualité de papier et de très jolies couvertures et un contenu à la hauteur du contenant.
Ici, l’ouvrage proposé, Les ratés de l’aventure, nous raconte les mésaventures d’une journaliste intrépide des années folles dans le pacifique. Titaÿna a 23 ans lorsqu’elle part seule, dans les années 1920, tenter l’aventure en Océanie. Elle y passe de longs mois et, engagée comme mousse sur une goélette, voyage d’île en île : Tahiti, Bora-Bora, archipel des Tuamotu font partie de ses nombreuses escales.
Titaÿna part à la rencontre des populations locales, rapporte leurs histoires et leurs coutumes. Elle se baigne le soir dans la rivière avec les Tahitiennes qui lui parlent des tupapau (les revenants), échange avec une femme maorie sur le sort de l’enfant qu’elle porte, assiste aux danses couchées sur les plages de diamants noirs.
Elle croise sur sa route de nombreux Européens qui, comme elle, ont voulu vivre l’aventure, et ont échoué sur ces îles en apparence paradisiaques. Le plus souvent malades, sans le sou, condamnés, ils n’ont pas connu la fortune espérée. Après l’aventure, c’est le temps de la désillusion. Titaÿna, de sa plume acerbe, dénonce le comportement des colons, responsables de l’enfer des mines de phosphate à Makatea ou de la disparition des coutumes locales.
Titaÿna, alias Elisabeth Sauvy (la sœur du grand démographe français), l’auteure, est née en 1897. Elle est l’une des rares femmes françaises à accéder au statut de grand reporter dans les années 20. A la recherche d’aventures, elle parcourt le monde de 1925 à 1939 et rapporte de ses pérégrinations des textes insolites d’une surprenante modernité qui sont publiés dans la grande presse de l’époque. Ses récits ont marqué une génération entière à côté de ceux d’Albert Londres et de Joseph Kessel.
Superbement écrit, cet ouvrage est tout sauf un récit de voyage puisque l’auteure nous décrit dix années plus tard l’envers de sa vie d’aventurière tout en nous livrant un témoignage particulièrement éclairant sur les colons partis dans les années 20 vers des contrées fantasmées. Il est donc particulièrement intéressant de voir le regard porté sur les colons à cette époque, de pouvoir le comparer avec celui que l’on a eu plusieurs dizaines d’années après.
Il est aussi intéressant de se rendre compte que le journalisme de l’époque, bien loin d’avoir les moyens du journalisme d’aujourd’hui n’a rien à lui envier dans ses analyses. A cela s’ajoute de la tendresse pour ses voyages et aussi une bonne dose d’humour qui rendent la lecture de cet ouvrage particulièrement sympathique. |