Une pause, de l’introspection et un risque de submersion annoncent l’album de Clarys : De là.
"Là où personne ne me retrouvera, cachée dans les fougères, là-bas je resterai" ("De là"). Non, l’ambiance n’est pas folichonne, Clarys ne vous garantit pas un lâcher de cravates, encore moins les cotillons dans les narines (non mais ça ne va pas, non ?), les premières notes filent un mauvais bourdon, un air de vague à l’âme, un truc suspendu entre le tout et le rien.
Dans De là, les guitares savent prendre les airs distingués qu’elles s’accordent parfois, ce petit soupçon de hauteur, ce tantinet d’élégance. Et c’est exactement ce qui évite de basculer dans une tristesse indomptable.
Les solitudes subies, les rêves qui débordent de partout et la résignation. Mélancolie quand tu nous tiens, tu fais de doux airs et des accords languissants. Il est bon de se laisser porter par la voix de Clarys quand le complexe du confinement sonne à la porte. Affligeant de constater ce que les esprits font subir au palpitant sans vergogne…
Entourée, et bien entourée de Vincent Bourre, Boris Boublil, Marion Grandjean et Adrien Gentizon, la belle enjolive l’inéluctabilité de ce qui s’achève, elle laisse s’éroder les attachements et se dilater les moments : "Je me fais je te laisse comme je me suis laissée faire, couvre-feu sur mes nuits blanches, compte à rebours sur nos amours" ("Je me fais").
Sombre certainement, mais pas dénué de poésie, l’album tire du marasme par des radiations épileptiques, c’est cette résonnance qu’ont les cordes, leur manière bien particulière de s’étendre dans un écho, tel le carrousel tourbillonnant dans un fantasme éveillé.
Non, Clarys ne suscite pas la grisaille, elle accompagne ce qui est un fait : on a beau se convaincre du contraire, l’enfer ne dure qu’un temps. Mélancoliquement vôtre.
De la musique, des spectacles, des livres. Aucune raison de s'ennuyer cette semaine encore. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.