The sophtware slump
(Kyudo Records / L'Autre Distribution) novembre 2020
Un piano, délicat, une voix, sensible. Jason Lytle célèbre l’anniversaire de The Sophtware slump avec un piano en bois. Un de ces vieux machins avec les touches bien alignées qui me regardent d’un air de défi. La dernière fois que je m’y suis osée, ça a fait un drôle de dzouing suivi d’un étrange clac et j’ai refermé le clapet en prenant l’air le plus innocent de la terre.
Jason Lytle, Aaron Burtch, Jim Fairchild, Tim Dryden et feu Kevin Garcia sont les électrons gravitant autour de la galaxie Grandaddy, avec de la guitare et du piano. L’association des deux instruments me fait un peu l’effet d’une soirée romantique à s’enfiler les trois saisons de The Punisher. Avec leur physique de tueurs de bambis, qui aurait pensé qu’un cœur battait dans leurs entrailles ?
The sohtware slump a vingt ans, avait-il besoin d’être rejoué ? Absolument, sans ça, il ne serait peut-être jamais arrivé jusqu’à mes ouïes béates de ravissement. Parce qu’il a de la solitude dans ses notes épurées et du réconfort dans ses mots murmurés, Grandaddy a de quoi tirer des larmes au plus mal-aimé des sentiments : la mélancolie. Et pourtant.
Sorte de bulle compatissante aux émois, le piano révèle l’intensité de ce qui fait vibrer le palpitant justement, si c’est de la mélancolie, alors bien lui en prenne de s’incruster aussi durablement dans les instants du quotidien. C’est un peu comme entendre son cœur battre contre le mien, un peu comme si l’essence même du vivant serait la petite mort du départ, qui sans cesse revient hanter les solitudes affectées.
The sophtware slump nomme le vague à l’âme, le magnifie jusqu’à le rendre lumineux, il apaise. La combinaison du piano-voix sans fioriture porte l’élégance de la simplicité, sans fard et avec une franchise déconcertante. Les mélopées restent et se déroulent toutes seules, avec facilité, les mélodies ont un goût familier, elles rassurent.
Je ne savais pas que c’était mythique, je ne sais toujours pas si c’est juste ou si c’est un chef-d’œuvre, je ne saurai dire si c’est la maturité ou la grâce de Grandaddy, mais ce dont je suis certaine c’est qu’il y est arrivé, à m’émouvoir comme si peu savent le faire, avec délicatesse et bonté, d’une tendresse infinie. De la courtoisie comme on n’en fait plus. Heaven.
Le printemps, les giboulées de mars, les balades au soleil ... la vie presque parfaite s'il n'y avait pas tant de méchants qui font la guerre. Pour se détendre, cultivons nous !. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.