"Well i’m praying, because i’m scared, that my time, is coming soon, and i pray, because i fear, that i’ve got too much to lose"

"We younger Negro artists who create now intend to express our individual dark-skinned selves without fear or shame. If white people are pleased we are glad. If they are not, it doesn’t matter. We know we are beautiful. And ugly too." Langston Hughes.

Six ans après sa sortie, Vari-Colored Songs le premier album de Leyla McCalla est republié en pleine vague Black Lives Matter. Le Smithsonian Folkways Recordings a en effet l’excellente idée de rééditer, avec un inédit, pour ceux qui seraient passés à côté de ce merveilleux disque, son premier album. Un album qui faisait se rencontrer les poèmes de Langston Hughes avec les musiques traditionnelles Haïtiennes, le blues et les musiques créoles.

Langston Hughes (1902-1967), influence majeure de la musicienne tant pour ses luttes, ses valeurs que pour la reconnaissance des cultures noires, auteur de The Negro Speaks of Rivers, était une figure centrale de la Renaissance de Harlem, mouvement intellectuel, littéraire et artistique afro-américain qui a eu lieu dans les années 1920. Il a écrit de nombreux romans, des nouvelles, des essais et des pièces de théâtre, cherchant à rendre compte d’une "conscience noire", les joies et les difficultés de la vie noire de la classe ouvrière, évitant une certaine idéalisation ou les stéréotypes. Une approche parfois critiquée par d’autres intellectuels, comme James Baldwin par exemple, qui jugeaient qu’il donnait une vision peu attrayante de la vie des afro-américains.

Il y a donc cette magnifique musique, où se mélangent les esthétiques, où les cordes jouent avec la prosodie, où elle passe aussi facilement de l’anglais au créole que du violoncelle au banjo ou à la guitare.

Ce fil qu’elle tendait entre passé (le sien : sa vie à New-York, son avenir de violoncelliste professionnelle, son déménagement à la Nouvelle-Orléans, sa rencontre avec le folk... et celui de la communauté noire américaine) et le présent de 2013 est toujours d’actualité. Reste une musique qui, comme l’a très bien compris le Smithsonian Folkways Recordings, rentre dans le patrimoine de la musique américaine. La première pierre, d’une très belle œuvre musicale en devenir.