Nous voilà de nouveau en compagnie des éditions Playlist Society avec un essai sur le réalisateur David Cronenberg, que je ne connais pas très bien même si j’ai vu certains de ses films. Pour nous parler de ce réalisateur, c’est Fabien Demangeot, docteur en lettres modernes et en études cinématographiques qui enseigne dans le secondaire tout en étant chargé de cours à l’université.
Venons-en maintenant à David Cronenberg, au cœur de l’essai de l’auteur qui après ses débuts dans la sphère underground de Toronto, à la fin des années 90, s’est imposé comme un auteur majeur capable de passer avec aisance du mainstream à l’expérimental, sans perdre sa singularité de cinéaste.
L’œuvre de Cronenberg met en scène des corps mutants, façonnés par la science et la technologie, comme dans La mouche ou Crash, ou simplement victimes de l’environnement dans lequel ils évoluent. A travers eux, le cinéaste explore les zones insoupçonnées de l’inconscient et interroge la nature, à la fois provocatrice et libératrice, du fantasme.
Cette transgression, au centre du titre de l’ouvrage, est de trois types, donnant une construction de l’ouvrage en trois parties avec une partie sur la transgression corporelle, une autre sur les transgressions sexuelles avec enfin une troisième partie sur les transgressions psychiques.
La première partie nous permet donc de bien comprendre l’importance du corps et de ses possibles mutations dans l’œuvre de Cronenberg. L’analyse de certains films gore du réalisateur nous l’explique parfaitement. Une fois encore, comme pour l’ouvrage sur le cinéma de Christophe Honoré, les analyses faites des œuvres de Cronenberg sont particulièrement intéressantes, nous permettant pour les films vus d’y voir des choses que l’on n’avait pas perçues au départ.
Le festin nu, Existenz et A history of violence sont des films que j’ai beaucoup aimés et j’ai pris plaisir à lire les analyses ou les commentaires faits sur ces films.
La deuxième partie porte sur les transgressions sexuelles dans l’œuvre du Canadien. Une fois encore, l’évidence nous montre la métaphorisation des organes sexuels dans certains films de Cronenberg. L’auteur utilise l’expression de pornographie alternative dans cette partie quand il nous parle notamment du festin nu. Les représentations sexuelles qu’il nous propose sont toujours ouvertement grotesques.
Avec Crash, une œuvre importante du Canadien, l’auteur se sert de la réalité virtuelle pour déconstruire l’idée de norme sexuelle. Les personnages agissent en fonction de leurs pulsions, sans se soucier de ce qui les entoure. Crash est un film totalement dépourvu de morale, l’auteur nous le démontre au travers d’une analyse particulièrement pertinente qui donne envie de revoir le film.
La troisième partie concernant les transgressions psychiques s’attardent sur le film A history of violence notamment. De nombreux personnages des films du Canadien ont connu enfants un traumatisme qui a eu des conséquences sur leur évolution. Dans certains films, ils suivent une thérapie qui se solde souvent par des échecs. La schizophrénie est présente dans certains films, l’hystérie aussi ainsi que la folie.
Alors voilà, cet ouvrage est une petite merveille d’analyse sur le cinéma de David Cronenberg. Les fans de ce réalisateur se retrouveront sans problème dans cet ouvrage à même de leur proposer des analyses cinématographiques de qualité de ses films. Les autres, comme moi, y trouveront aussi leur compte pour peu qu’ils soient curieux (comme moi) de mieux appréhender un réalisateur particulièrement complexe qui n’a plus fait de films depuis déjà 2014. |