C’est encore un ouvrage qui a de grandes chances de faire date que nous proposent les éditions Perrin avec à l‘écriture un duo que l’on connaît bien, Jean Lopez et Lasha Otkhmezuri. Cet ouvrage nous raconte la vie et la mort de 17 maréchaux de Staline pour la première fois. Vus de chez nous, avec leur tintinnabulant placard de médailles, leur énorme casquette et leur air sinistre, ces Maréchaux de Staline faisaient peur ou faisaient rire.
Certains sont un peu plus connus que d’autres, c’est le cas notamment de Joukov, Koniev ou encore Rokossovski, le trio vainqueur du troisième Reich. On connaît beaucoup moins les quatorze autres qui sont pour certains de parfaits inconnus.
Se posent les concernant de nombreuses questions. Pour quelle raison ont-ils accédé à la plus haute dignité ? Qu’en ont-ils fait ? Que reste-t-il d’eux dans la mémoire des anciens peuples soviétiques ? Pour de nombreux historiens, ces hommes méritent mieux que cet oubli abyssal qui contraste si fort avec le respect et l’intérêt que l’on porte à des personnages comme Eisenhower, Montgomery ou bien Patton.
Le but de cet ouvrage est donc de sortir de l’anonymat ces 17 maréchaux, jaloux les uns des autres, apeurés devant leur maître, cachant de terribles secrets. Le récit de ces 17 vies parallèles compose une fresque immense qui va de la Première Guerre mondiale à la crise des fusées de Cuba, de l’océan Pacifique à Berlin, des défilés glorieux sur la place Rouge aux geôles de la Loubianka.
Cet ouvrage, unique en son genre, qui s’appuie sur des sources exclusivement russes, explique la logique à l’œuvre dans les choix militaires et humains de Staline. Il s’ouvre sur un chapitre introductif particulièrement intéressant nous précisant que Staline a eu 38 maréchaux, nous expliquant les choix des 17 étudiés dans l’ouvrage ainsi que le choix d’écarter de l’étude les autres. On découvre que ces maréchaux ont des origines sociales bien différentes qui peuvent surprendre le lecteur. La plupart d’entre eux viennent d’ailleurs du monde paysan ou ouvrier.
Les maréchaux présentés le sont dans l’ordre chronologique de leur accession à la fonction. L’analyse faite de leur maréchalat et leur histoire nous permet de rentrer de façon précise dans le régime stalinien, que l’on sait violent et brutal notamment (ce qui confirmé dans l’ouvrage très souvent). Tous n’ont pas les mêmes relations avec Staline, ils n’ont d’ailleurs pas connu les mêmes carrières et ont pu connaître des fins bien différentes que je vous laisse connaître. On découvre aussi les relations entretenues entre eux, faites souvent de rivalités, notamment par rapport aux relations avec Staline, rivalités avec lesquelles Staline pouvait d’ailleurs prendre plaisir à jouer. On y voit très souvent des hommes brutaux, à l’image du régime mais aussi des hommes d’une grande bravoure.
L’ouvrage nous emmène aussi au cœur des combats de l’armée soviétique pendant la guerre civile, pendant la Seconde Guerre mondiale mais aussi au cœur de la Première Guerre mondiale. C’est un ouvrage qui m’a permis d’apprendre beaucoup de choses sur ses hommes proches de Staline.
L’ouvrage se termine par des documents annexes intéressants, un glossaire, un tableau des grades d’officier et des cartes concernant certaines batailles qui éclairent les écrits de l’ouvrage. C’est donc encore une fois un excellent livre que nous offre ces deux historiens, un ouvrage que je vous conseille vivement si vous êtes passionné et curieux de ces hommes méconnus qui ont pesé énormément sur le 20ème siècle. |