Petit ouvrage par la taille, tout juste cent pages sur un petit format mais grand ouvrage par le talent d’écriture, de celle qui nous transporte et nous emballe. Un ouvrage qui se lit d’une traite, en y consacrant à peine une heure, de lecture, puis quelques heures ensuite pour réfléchir à ce que l’on vient de lire. Eventuellement même à se replonger dedans, à le lire à voix haute pour mieux s’imprégner de cette langue et de l’exercice de style que nous propose l’auteur, Loïc Demey, qui a écrit cet ouvrage autour d’une unique phrase.
Une phrase pour nous parler d’une situation banale. D’un homme qui attend une femme. Un homme qui attend sans savoir depuis combien de temps il attend puisqu’il ne se souvient de rien. Un homme qui attend une femme qui tarde à se montrer. Un homme chez lui, qui marche et trépigne, qui navigue de pièce en pièce, jetant de temps en temps un œil à la fenêtre, désirant plus que tout que cette femme frappe enfin à sa porte.
Un homme agité, un homme impatient, aux déplacements nerveux qui seraient le fruit de ses pensées et de ses rêveries. Un homme qui attend une femme qui au final ne viendra pas parce qu’elle n’existe pas. Il sait que son souhait de la rencontrer est illusoire mais il ne peut s’empêcher d’espérer.
Ce qui est assez fascinant dans cet ouvrage, au-delà de la construction autour d’une seule phrase (qui est original mais pas tant que cela puisque tant d’autres ont déjà excellé dans cet exercice), c’est la musicalité et le rythme qui se dégage de cette lecture. L’auteur nous montre que notre langue française, difficilement comparable aux autres langues, permet de par sa richesse de bien nous faire ressentir les mécanismes de tension et de détente qui se dégage de l’histoire. C’est particulièrement marquant lorsque l’on s’amuse à lire le texte à voix haute. La langue ici se retrouve parfaitement au service du récit de l’auteur.
Aux amours est au final une expérience de lecture originale, un livre bluffant qui mérite d’être lu. |