Il y a quelques mois, j’ai lu et beaucoup aimé Blanc Autour, écrit par Wilfried Lupano et illustré par Stéphane Fert et si j’ai trouvé ce roman graphique passionnant et révoltant, j’ai surtout été marquée par l’univers graphique de Stéphane Fert et c’est tout naturellement qu’après cette lecture, lors de mes flâneries en librairie je me suis souvent arrêtée sur des ouvrages qui s’avéraient être illustrés par ce même artiste.
Ecoutant alors mon instinct et surtout les conseils avisés de ma libraire, j’ai fini par me plonger dans la lecture de Morgane de Simon Kansara et Stéphane Fert, édité chez Delcourt dans la collection Mirages.
Dans les légendes Arthuriennes, Morgane, la demi-sœur d’Arthur Pendragon, est l’incarnation du mal. Là où Arthur et ses chevaliers entreprennent quêtes et guerres au nom du dieu unique des chrétiens, Morgane, la fée, vénère les anciens dieux voire pires, pactise avec le diable.
Le roman graphique de Kansara et Fert, Morgane, raconte l’histoire de cette sorcière légendaire de sa naissance à sa mort, puis de sa renaissance à son exil. Une histoire de lutte pour le trône, de vengeance et de tromperies. Kansara et Fert dressent un portrait nuancé de Morgane en femme puissante et terrifiante sans pour autant la diaboliser ni l’adoucir. Seule ou presque face à des hommes abrutis par leur fierté et leur soif de pouvoir, sans considération pour les femmes, on y comprend un sous-texte quasi féministe, faisant de celle à qui on a empêché de régner sur le royaume de Bretagne un personnage fort et terriblement charismatique.
Vous l’avez compris, j’ai été conquise par ce roman graphique qui met en lumière un personnage souvent survolé dans les adaptations des légendes arthuriennes, souvent trop déviant pour que certains aspects de son histoire ne soient pas éludés.
Ici, Morgane est sulfureuse, sensuelle, elle dérange et fascine et toutes les facettes de sa personnalité sont sublimées par le trait si riche de Stéphane Fert qui célèbre une féminité puissante.
Les illustrations évoquent tour à tour un théâtre d’ombres, une tapisserie ancienne, une scène de cinéma d’animation ou un songe brumeux et rendent hommage aux incarnations et adaptations de la Fée Morgane qui les ont inspirés et qui ont pavé la voie à cet ouvrage qui lui est consacré.
Morgane est définitivement une lecture coup de cœur pour ma part, tant pour l’interprétation du personnage légendaire et le parti-pris féministe que pour le graphisme si particulier et envoûtant qui caractérise le travail de Stéphane Fert. |