C’est maintenant devenu presque une habitude pour Benoît Rondeau que celle de nous proposer une nouvelle publication tous les ans aux éditions Perrin. Après nous avoir proposé l'excellent ouvrage Etre soldat de Hitler, nous le retrouvons donc avec une publication qui s’intéresse au Soldat britannique dans la Seconde Guerre mondiale.
L’orientation de l’ouvrage nous est donnée par la continuité du titre, le vainqueur oublié de la Seconde Guerre mondiale. Un vainqueur oublié que l’on pourrait, à la lecture de l’ouvrage, aussi qualifier de vrai vainqueur de ce conflit.
Très rapidement dans l’ouvrage, l’auteur nous confirme qu’au regard de l’Histoire, l’armée britannique fait figure d’oubliée. Certes, la bataille d’Angleterre, la guerre du désert et le D-Day sont passés à la postérité, montrant le courage et l’abnégation des soldats britanniques, il n’en demeure pas moins que ces derniers font toujours figure d’oubliés pour l’histoire. Des oubliés aussi dans la littérature et le cinéma, mais aussi dans les programmes scolaires. Alors que l’empire britannique a fortement contribué à la victoire finale.
L’auteur a donc décidé de réparer cette injustice en dressant de manière exhaustive les spécificités du soldat britannique, les conditions dans lesquelles il a combattu, comment il était formé, commandé, équipé, soigné.
Particulièrement complet et détaillé, l’ouvrage appréhende dans sa totalité le quotidien des hommes et des femmes qui ont servi l’armée entre 1939 et 1945, de l’arrivée à la caserne à la démobilisation, sur le front comme à l’arrière, au combat comme au repos, sur les différents théâtres d’opérations, de la jungle au désert en passant par le ciel allemand, les eaux de l’Atlantique ou le bocage normand.
Benoît Rondeau traite aussi du quotidien des soldats britanniques, ce qui implique de s’intéresser et d’aborder la question délicate des relations avec les civils, qui fait l’objet d’un chapitre en fin d’ouvrage. Il nous permet aussi d’appréhender de nombreuses personnalités méconnues, injustement restées dans l’ombre écrasante du général Montgomery.
C’est donc une armée impériale que nous présente l’auteur, une armée qui dépassait le million d’hommes en 1939. Il nous présente ses différentes composantes, l’armée canadienne, australienne, néo-zélandaise, sud-africaine, indienne (celle qui fournira l’effort humain le plus considérable).
Nous pénétrons au cœur de la formation militaire anglaise, de façon précise et détaillée. On y apprend des choses curieuses, comme celle concernant les soldats australiens qui se plaignaient d’être traités comme des chiens et qui agissaient en conséquence. La discipline joue un rôle important, elle n’est pas gérée de la même façon que dans l’armée allemande.
L’armée de terre et sa logistique, notamment celle concernant les ravitaillements, l’importance du thé aussi, un véritable réconfort pour les soldats sur tous les fronts et en toutes circonstances sont aussi racontés dans l’ouvrage.
Un chapitre est aussi consacré à l‘équipement et au matériel des troupes britanniques, avec ses défauts et ses qualités, ses chars spéciaux et son artillerie impressionnante.
Evidemment, l’auteur ne pouvait pas traiter du sujet sans s’attarder sur la guerre terrestre, au travers des épisodes méditerranéens et de la guerre du désert, mais aussi de la guerre en Italie qui sont des épisodes connus pour ceux qui s’intéressent à la Seconde Guerre mondiale. Ici, Benoît Rondeau nous parle aussi de la jungle birmane et de la Nouvelle-Guinée, épisodes moins connus.
La guerre aérienne a aussi droit à son chapitre, particulièrement intéressant, autour de la RAF et d’exploits méconnus de ses pilotes. Une armée de l’air qui joua un rôle d’appui important sur de nombreux fronts.
La guerre sur mer est ensuite traitée dans le chapitre suivant, avec la Royal Navy qui était engagée sur toutes les mers du globe. L’ouvrage revient sur les différentes campagnes navales avec la bataille de l’atlantique, une bataille cruciale mais aussi celle plus négligée de la Méditerranée où les affrontements y furent pourtant d’une ampleur conséquente. On voit son rôle important de logistique aussi pour le transport de matériel et des troupes et une fois encore l’ouvrage nous apprend les missions amphibies qui nécessitaient des habilités particulières.
C’est donc encore un ouvrage excellent que nous propose Benoît Rondeau, un ouvrage fruit d’un travail de recherche conséquent (il suffit de regarder la bibliographie et les notes en fin d’ouvrage pour bien comprendre la précision des propos de l’ouvrage). L’ouvrage est passionnant, d’autant plus qu’il traite d’un sujet qui a été en France négligé par l’historiographie. Le mal semble maintenant être réparé et l’ouvrage devrait donc faire date sur ce sujet. C’est bien tout ce qu’on lui souhaite tant il le mérite. |