Nowhere Land
(Stolen Body Records / Ghost Lizard Diffusion) novembre 2020
A la question "qu'est-ce qui rapproche la musique classique et le metal ?", les frères Duplantier (Gojira) répondent que ce sont des musiques écrites. Qu'on ne peut pas les improviser. On pourra ajouter qu'elles exigent toutes deux de savoir jouer d'un instrument.
La musique de Karkara elle aussi répond à ces critères bien qu'il soit illusoire de la définir. Rock progressif ou psychédélique ? Desert rock ? Peu importe. Le plaisir est là, immense et grandit à chaque écoute. C'est la force de la bonne musique.
Nowhere Land nous embarque pour un voyage où les paysages sonores sont consciencieusement élaborés, sans jamais paraître artificiels. Les compositions sont finement architecturées, mais savent se densifier sans pour autant sombrer dans le pompeux ou l'exercice de style chiant.
Le chant est à l'unisson. Varié et en place. Parfaitement au diapason des instru' et des arrangements. Et puis ça joue de la musique. Ça transporte. Ça caresse. Ça griffe. Ça câline. En resumé : Ça transcende.
Dans un monde vivable où la musique française ne se résumerait pas à 95% de variétoche lénifiante et de "musique urbaine" diarrhéique, Karkara serait probablement connu et reconnu pour ce qu'il est : un putain de bon groupe qui a sorti un putain de bon album.
Les trois compères n'ont de commun avec les Pieds Nickelés que la barbe. Pour le reste force est de constater qu'ils forment un groupe d'une rare tenue. Et pas seulement en 2021, car pour être franc cela fait un sacré moment qu'un disque de ce genre et de cette qualité n'a pas vue le jour au pays de Florent Pagny et Pascal Obispo. C'est bien simple, personne n'aurait été étonné s'ils avaient été originaires du Bush Australien, du Colorado ou des bords du Saint Laurent.
Ce disque semble convoquer, sans les singer, les esprits de Kyuss, Gov't Mule, Monster Magnet ou autre Mastodon. Nowhere Land se hisse dans problème à ce niveau de qualité musical et d'expérience pour l'auditeur.
Musicalement l'année 2021 est roborative. Aprés un l'EP plein de promesses de Grandma's Ashes, un album incroyablement puissant de Godspeed You ! Black Emperor, voilà que Nowhere Land de Karkara se pose lui aussi au sommet de la chaîne alimentaire de la musique de qualitay.
Soyons clairs : si vous n'aimez pas cet album c'est que vous êtes Pascal Praud. Et puis, ne boudons pas notre plaisir, les vinyles sont magnifiques et les artwork très travaillés. Longue vie à Karkara !
Le printemps, les giboulées de mars, les balades au soleil ... la vie presque parfaite s'il n'y avait pas tant de méchants qui font la guerre. Pour se détendre, cultivons nous !. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.