Soyons honnête. A première vue, ce premier disque de Cyrz, sent à plein nez le "nouveau chanteur français" venant se noyer dans la masse de cette race en constante prolifération.
La pochette et le titre du disque, tirant un peu trop sur la corde (la ficelle plutôt) de la mélancolie, confirment nos soupçons.
On insère le disque dans la platine pour juger sur pièce. Premier morceau, Cyrz nous susurre, sur un timbre de voix rappelant celui de Mathieu Boggaërts, "Avant tout j'écris des chansons pour moi". Bingo pense-t-on, encore un artiste français émergent, qui prétend à la légitimité avec cette profession de foi naïve.
Et puis au second morceau, nos nerfs se détendent petit à petit. On se décrispe tranquillement au son de l'harmonica, on se laisse surprendre par le style et les métaphores de monsieur Cyrille Paraire (alias Cyrz)…Se serait-on mis le doigt dans l'œil jusqu'à l'omoplate ?
"Toboggan", le troisième titre, achève de nous confirmer que oui. La voix rebondit habilement sur les accords folks de la guitare, nous faisant regretter amèrement ce jugement hâtif.
Cyrz se révèle en fait être un songwritter hors pair, aux textes habiles et remplis de vie ("Au peigne fin", "Guttenberg", "Les battements" aux accents souchoniens). La musique est légère et variée, multipliant les instruments utilisés, mais n'étouffant en rien la matière première : la voix et les textes de Cyrz.
Même si l'appellation "chanteurs à textes" est un peu réductrice et galvaudée, elle sied à merveille à notre homme. La vie, l'amour, les relations humaines…autant de sujets abordés en long et en large par toute une tripotée de chanteurs, mais qui prennent une autre dimension sous la plume inspirée de Cyrz. Il nous ramène à nos propres vies, à nos propres doutes, à nos propres joies, avec sa voix cajoleuse et poignante.
L'intro qui débute le disque, "Avant tout", est en fait la première phase d'une série de quatre interludes déclinés sous différents modes, reprenant les mêmes paroles. Une façon de structurer un disque qui souffre peut être seulement, d'être un poil trop long. On a tendance à décrocher quelque peu sur les derniers titres, alors qu'ils sont pourtant parmi les meilleurs ("Le butin", "Post-it").
Un très bon disque, à ne pas trop écouter en hiver au coin du feu quand même (sous peine de déprime), mais qui se démarque de toute cette scène à laquelle il a été trop vite assimilé (mea culpa), avec par une vraie personnalité, une varie âme. Chapeau.
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