Si l’on peut encore présenter Marc Collin (les reprises bossa-nova, cubaines... de titres new-wave, post-punk, synthpop avec Olivier Libaux et des chanteuses comme Camille, Mélanie Pain, Elodie Frégé au sein de Nouvelle Vague…, des musiques de films, des disques en solo et de nombreuses collaborations), il n’est plus nécessaire de le faire pour The Cure. Marc Collin a toujours montré une réelle capacité à se fondre dans un genre ou une esthétique tout en refaisant sortir sa propre singularité : son sens des arrangements, sa façon de décortiquer les morceaux, de leur donner un éclairage différent.

La rencontre entre le compositeur, musicien, producteur français et le groupe anglais sonne comme une évidence : "The Cure était LE groupe de mon adolescence. Je me souviens encore de la première fois que j’ai entendu "A Forest" à la radio début 1980. J’avais 12 ans mais j’étais hypnotisé par ce son."

Des morceaux repris : "Just like Heaven", "Seventeen Seconds", "Charlotte Sometimes", "Three Imaginary Boys", "A Forest", "Lost", "Friday I’m in love"... Marc Collin les drape de sombre, forcément, même si en prendre le contre-pied (genre comme les Hotrats, Grant Lee Philips ou Yo la Tengo) aurait été un prisme peut-être encore plus intéressant, en fait quelque chose de Burtonien, d’expressionniste, de Lynchéens. Pour le coté Lynchéen, rien de surprenant donc de retrouver au chant Chrysta Bell, égérie du réalisateur américain.

Vénéneux, onirique, sensuel et abstrait, avec ses contrastes, effets de couleurs et de timbres (l’utilisation du thérémine par exemple, les arrangements...), ce disque cultive des atmosphères singulières.

Presque aux origines de la musique de Marc Collin il y a le cinéma, dans ce disque en jouant avec les codes, les apparences, sa musique fonctionnant à la manière d’un rideau interposé entre la sienne et celles des autres, il y retourne une nouvelle fois.