"Les canaux sont pleins de gondoles, la place San Marco est remplie de monde et, jusqu’aux rives des canaux, partout retentissent des chants harmonieux. Les gens du peuple ont l’habitude de chanter en se promenant bras dessus, bras dessous, si bien qu’ils semblent converser en musique de même que dans les gondoles sur l’eau." Charles Burney
Il faut être déjà aller dans cette Venise moderne pour goûter, comprendre l’importance que la musique y revêt. Il faut s’imaginer le bouillonnement culturel qui anime la ville au XVIIème siècle. Les festivités, le foisonnement du baroque et le mélange des arts, les luthiers qui accèdent à des niveaux de perfection, les six théâtres d’opéras. La musique est partout dans les églises, les opéras, dans les maisons, dans les rues, sur les gondoles...
Et puis il y a les ospedali. Ces institutions qui apparaissent dès le XVIème siècle pour venir en aide aux enfants pauvres ou aux orphelins, soigner les malades. Les jeunes garçons sont mis en apprentissage pour ensuite travailler à l’arsenal ou dans la navigation dans la cité. Pour les jeunes filles, deux possibilités : les figlie del comun destinées aux tâches ménagères ou aux travaux d’aiguille et les figlie del coro qui recevront une solide éducation musicale (avec des orchestres et des chœurs de grandes qualités, de brillantes interprètes reconnues dans toute l’Europe). Les meilleurs professeurs y exercent. C’est le cas d’Antonio Vivaldi qui officiera à l’Ospedale della Pietà, qui se trouve à quelques centaines de mètres du Palais des Doges, comme maestro di violino et qui influencé, inspiré par ces jeunes musiciennes virtuoses, y révolutionnera le concerto.
Avec des œuvres rares de Vivaldi : Sinfonia pour cordes et basse continue "La Verità in Cimento" in G major, RV 739, le concerto pour violon, RV 390, Sonata a Quattro "al Santo Sepolcro" in E flat major, RV 130, concerto pour violon et violoncelle "per Chiaretta e Teresa", RV 814, concerto pour 4 violons RV 553... de Barbara Strozzi : Lagrime mie, de Francesco Turini : Sonata a tre "Il Corisino" de Tomaso Albinoni : Sinfonia in G minor, de Marc’Antonio Ziani : Sinfonia in C minor "del Sepolcro" ou encore de Domenico Gallo, Marianne Piketty et Le Concert idéal nous plongent dans la période coruscante de la sérénissime où la musique est multiple mais toujours resplendissante.
"L'esprit de cette Venise baroque où la musique est partout, des temples aux salons en passant par les chambres, rues, théâtres, canaux, navires et jardins."
L’interprétation est, comme souvent chez Marianne Piketti et Le concert idéal pleine de couleurs, de vivacité, de générosité et d’esprit. De quoi nous replonger avec bonheur dans cette époque...
# 06 octobre 2024 : Sur un malentendu ca peut marcher
Beaucoup de choses à découvrir encore cette semaine en attendant la MAG#91 vendredi. Du théâtre, du cinéma, de la lecture et de la musique au programme, et toujours le replay de la MAG#90...Pensez aussi à nous suivre sur nos réseaux sociaux.