"Il s'agit d'un petit môme de province
Il aime la musique et le cinéma
Il va au lycée, mais il déteste ça
Il y a de la cruauté dans l'air
À l'école
Au village
Elle travaille dans une caravane des années 60
Elle a 18, 19 ans
Elle est jolie et douce
Elle s'appelle Juliette
Il décide de partir avec elle"
"This world is wild at heart and weird on top" Sailor et Lula
Qu’attendre de la rencontre entre ce qui se fait (faisait ? Mais c’est un autre débat) de mieux en matière de garage rock français et du pionner français de l’électro et DJ emblématique internationalement reconnu ? Un disque terrible qui enflammerait les platines. Est-ce le cas ? Malheureusement non. Pourtant, ce disque n’est pas dénué de nombreuses qualités mais, quand on connaît les artistes en présence, on a le sentiment qu’ils auraient pu aller encore plus loin.
On retrouve tout ce qui fait le sel de la musique du duo français : les rythmiques robotiques, les sonorités rock sixties, le psychédélisme. Et puis ces atmosphères sombres transposées ici dans une sorte de road movie sordide et glauque : l’histoire de Saul et Juliette, adolescents perdus, traînant dans le sud de la France, près de la frontière espagnole.
Le groupe qui aime les rencontres et collaborations (Bertrand Belin, Anton Newcombe, Emmanuelle Seigner, Pascal Comelade, Peter Hook...) qui sont autant d’histoires d’amitiés que de conjonctions musicales s’est donc associé avec Laurent Garnier. Pour être tout à fait exact, c’est plutôt un disque des The Limiñanas avec Laurent Garnier, que l’inverse. Position semble-t-il totalement assumée comme il l’indique lui-même : "Je voulais rester dans l’univers des Limiñanas, plutôt que de les amener vers la techno. Garder leur patte, mais avec des textures et des structures qui sont les miennes".
Ce qui donne cette impression d’être en terrain connu, voire déjà ultra-balisé (la présence de Bertrand Belin, une musique plus entêtante que purement transcendantale, des réminiscences Krautrock, ce groove). C’est une position confortable mais frustrante, surtout à la réécoute du remix qu’avait fait Laurent Garnier de "Dimanche".
Pour autant, Garnier ne joue pas les figurants de luxe : il apporte un savoir-faire électro (forcément...), un véritable travail de production, une façon de jouer avec la matière sonore (perceptible notamment dans les arrangements), des thèmes et sa voix également.
Alors oui, ce disque fonctionne (le côté trip hallucinatoire, le groove baggy, ce je-ne-sais-quoi de Can) mais il laisse un goût d’inachevé. Un peu frustré oui !
# 06 octobre 2024 : Sur un malentendu ca peut marcher
Beaucoup de choses à découvrir encore cette semaine en attendant la MAG#91 vendredi. Du théâtre, du cinéma, de la lecture et de la musique au programme, et toujours le replay de la MAG#90...Pensez aussi à nous suivre sur nos réseaux sociaux.