Je dois bien avouer que cela m’a fait bizarre d’avoir entre les mains un nouvel ouvrage de Karl Ove Knausgaard qui ne pesait pas 1,5 kilos. Car oui, il est devenu une habitude pour cet auteur norvégien de nous proposer des énormes ouvrages (au sens propre comme au sens figuré) lors de la parution des différents tomes de son cycle exceptionnel intitulé Mon combat.
Ce nouvel ouvrage, En automne, inaugure une nouvelle série, avec l’originalité d’être illustré par Vanessa Baird, une artiste norvégienne. C’est donc le premier tome d’un cycle autobiographique qui va couvrir quatre saisons, les premières de son nouveau-né.
En automne se présente comme un journal, chaque jour étant consacré à l’observation d’un phénomène ou d’un sentiment, l’ensemble couvrant évidemment la période automnale. Il s’ouvre par une lettre que l’auteur écrit à sa fille, lui indiquant ce qu’elle peut attendre du monde. Sa fille est sur le point de voir le jour, son père décide de lui raconter le monde. Il décide de rédiger vingt courts textes par mois.
Des textes qui racontent le monde matériel et naturel avec la précision et l’intensité fascinantes qui sont devenues sa marque de fabrique. Il décrit avec une grande sensibilité la vie quotidienne avec sa femme et ses enfants dans la campagne suédoise, en s’appuyant sur les souvenirs de sa propre enfance. Rien n’est trop petit ou trop vaste pour susciter l’attention du romancier.
C’est un ouvrage dans lequel on peut aller picorer comme bon nous semble en fonction des sujets dont nous parle l’auteur. Le chewing-gum, les ambulances, le vomi mais aussi Flaubert, Van Gogh ou les vipères, on voit bien que les sujets ne manquent pas et que l’auteur a beaucoup de choses à dire à son enfant.
C’est décalé parfois, amusant aussi, très sérieux aussi et tellement riche. Chez Knausgaard, auteur que j’aime beaucoup l’anodin devient essentiel et le banal devient étonnant. On se délecte toujours autant de son écriture élégante, de ses digressions (même si elles sont moins importantes que dans ses ouvrages précédents) qui nous emportent.
Ceux qui aiment l’auteur norvégien se retrouveront sans aucun doute dans la lecture de ce nouveau projet proposé par l’auteur, sachant que les trois autres saisons, déjà publiées en Norvège, sont déjà prévues chez Denoël. Les autres, car je sais que Karl Ove Knausgaard est un auteur plutôt clivant, passeront pour moi à côté d’un très beau moment de lecture, sans prétention, qui nous montre les sentiments d’un père pour sa fille et les visions d’un monde qui s’apprête à l’accueillir. J’attends déjà avec impatience la prochaine saison à venir, puis les autres. |